Nous venions juste d’emménager dans la maison de nos rêves après 19 ans de mariage. C’était nouvellement fini, impeccable et parfait. Ai-je mentionné que nous avions six enfants, allant d’un enfant du secondaire âgé de 18 ans à un enfant de la maternelle âgé de 5 ans? Ils étaient tous actifs et pleins de vie, et bien qu’enthousiasmés par la nouvelle maison, ils n’étaient pas aussi impressionnés que leurs parents.
Mon mari, Bob, n’a commencé ses études d’optométrie qu’à la fin de la vingtaine, nous en sommes donc sortis avec trois enfants et une dette importante. Au cours des années suivantes, nous avons eu du mal à créer un cabinet et avons eu trois autres enfants. Finalement, tout s’est mis en place. Nous avons trouvé un terrain énorme, un plan de maison idéal et un entrepreneur qui travaillerait avec nous pour que tout soit parfait.
Le produit final était tout ce que nous avions espéré. Nous avons adoré l’immense cuisine offrant de l’espace pour notre famille et nos amis (es). C’était merveilleux d’avoir une pièce pour nos livres; elle était très petite, mais nous l’appelions quand même « notre bibliothèque ». Le meilleur de tout était peut-être le « mur ensoleillé » dans le salon, avec des baies vitrées. Bob allait de pièce en pièce en admirant les boiseries en chêne, les touchant au passage.
La première semaine, Craig, l’aîné, a essayé de monter les escaliers sans allumer la lumière. Il a mal évalué leur position et est tombé, cassant un barreau de chêne poli et se coupa le menton. Je crains qu’il n’ait pas eu beaucoup de sympathie pour son menton, mais le barreau a suscité beaucoup de critiques.
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Quelques jours plus tard, Kristen, notre petite fille de 14 ans aux yeux pétillants, était en train de repasser un chemisier lorsque quelqu’un l’a surprise et elle s’est alors appuyée contre la planche à repasser, faisant tomber le fer à repasser, ce qui a laissé une vilaine entaille grise sur ce qui était auparavant un magnifique mur blanc. Cela a également été remarqué lors d’un conseil de famille convoqué à la hâte et qui fut définitivement animé.
Avant la fin du mois, Éric et Mark, onze et neuf ans, avaient fait une grosse brèche dans le mur de la salle familiale en essayant quelques mouvements de karaté qu’ils avaient vus à la télévision. Mon mari avait développé une expression permanente de découragement et on l’entendait marmonner qu’il semblait que cette maison allait s’autodétruire avant que nous ayons effectué notre premier versement hypothécaire. Pour ne pas être en reste, j’ai sermonné les enfants ingrats jusqu’à ce que six paires d’yeux deviennent vitreux.
Pourtant, il ne fallut pas plus d’une semaine avant que j’entre dans la salle de bain de ma chambre pour voir le « bébé », Brittany, se balancer sur le porte-serviette monté en chêne – et l’entendre se décrocher du mur, laissant un trou béant. Peu importe ses protestations selon lesquelles elle voulait juste « être une gymnaste comme Kristen », je l’ai soulevée sans ménagement et je l’ai portée jusque dans sa chambre où je l’ai jetée sans cérémonie sur son charmant lit blanc en laiton, pour lequel son père et moi avions travaillé si dur, et pour lequel elle avait visiblement si peu d’appréciation.
Le modèle était fixé. Aucune égratignure n’était trop petite, aucune marque trop insignifiante pour susciter une inquisition, où les parents fronçaient les sourcils et les enfants grimaçaient.
L’aide peut-elle être en route ?
C’est à peu près à cette époque qu’une leçon de la Société de Secours (l’organisation des femmes de l’Église) portait sur un « foyer centré sur le Christ ». Je fus frappé par le fait que même si nos sentiments les plus profonds étaient enracinés dans notre foi au Sauveur, un étranger ou une étrangère entrant dans notre maison ne trouverait aucun indice pour lui ou elle de constater cela. À moins que le visiteur ou la visiteuse ne jette un coup d’œil aux livres qui garnissent les étagères de notre petite bibliothèque, il ou elle en saurait plus sur nos goûts en matière de couleurs et de mobilier que sur le facteur le plus important de notre système de valeurs.
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Bob et moi en avons discuté et avons commencé à chercher l’image parfaite de Jésus à accrocher au manteau de notre cheminée. Et nous avons commencé à planifier un service de dédicace pour notre nouvelle maison. Nous voulions une cérémonie significative, mais nous ne voulions pas que cet appel pour une bénédiction soit interprété comme une fierté pour la brique et le mortier. Nous avons donc choisi de n’avoir que les enfants et nous-mêmes. Mon mari a fait une prière remerciant Dieu pour cette maison, demandant que cet endroit soit un endroit où l’Évangile du Seigneur soit enseigné et suppliant que l’Esprit du Seigneur en fasse un refuge contre le monde.
En tant que parents, nous avons chacun exprimé les choses que nous espérions voir se produire dans cette maison : que nos enfants y grandissent dans l’amour les uns pour les autres et pour Dieu. Ensuite, nous avons donné à chaque enfant la possibilité de dire ce qu’il ou elle espérait pour cet endroit.
Deux ou trois se sont souvenus des moments heureux passés dans notre ancienne demeure et ont souhaité revivre les mêmes choses. L’un faisait écho au souhait parental d’amour et de paix, l’autre bégayait et ne trouvait rien « d’assez important » à dire lors d’une occasion aussi spéciale. Finalement, il ne restait plus que Brittany. Son petit visage était tout sérieux et c’était évident qu’elle avait beaucoup réfléchi à ce qu’elle voulait dire : « Je veux juste dire, » murmura-t-elle, « que nous devrions toujours garder les fenêtres un peu sales pour qu’aucun oiseau ne s’y précipite et ne meurt. »
Ces mots auraient dû me faire penser à un petit oiseau gisant sans vie sur le sol derrière une vitre impeccablement brillante, mais tout ce que je pouvais voir, c’était une petite fille blottie au milieu de son lit, pleurant comme si son cœur était brisé à cause d’un porte-serviette cassé.
Des années ont passé depuis et la maison est étonnamment entière. Nos enfants n’avaient jamais été délibérément destructeurs et nous aurions dû comprendre dès ce moment-là que les dégâts effroyables causés au cours des premières semaines n’étaient qu’une série de malheureuses coïncidences. Les réparations ont été faites et il n’en reste presqu’aucune trace, mais les leçons restent dans nos cœurs.
Il existe des choses plus précieuses et plus fragiles qu’un petit oiseau, et il faut plus qu’une simple image de Jésus pour créer une maison centrée sur le Christ.