Un confrère qui a poursuivi son rêve

Une amitié improbable peut apporter de la joie, convertir et donner des richesses éternelles

Beautiful mountain view

Pendant la Seconde Guerre mondiale, et je n'avais pas encore 13 ans, j’étais déraciné quatre fois déjà - de ma ville natale à Donegal (Irlande) jusqu’en Écosse, ensuite évacué en Irlande pour vivre avec des parents d’accueil à la suite de l'attentat à la bombe à Glasgow par la Luftwaffe, puis de retour en Écosse pour vivre avec des parents que je ne connaissais plus, et enfin, au Canada. J’avais vraiment besoin d’un sentiment d’appartenance.

Comme il était bien typique à l’époque et conformément aux traditions de la classe ouvrière en Angleterre, j’ai quitté l’école à l'âge de 15 ans pour chercher un emploi à temps plein. J’ai fait des amis avec des enfants d’école qui, comme moi, se sont décrochés de l'enseignement secondaire. Mais, malgré tout, je ne me cadrais pas bien avec eux. J’ai été élevé par des parents d’accueil chrétiens et je me sentais mal à l'aise avec ceux qui fumaient, buvaient et juraient. La vie doit bien valoir plus que ça, je me suis dit.

Tom Roulstone
Tom Roulstone

Un jour dans un centre d’achats à Toronto avec quelques-uns de mes amis imprudents, une jolie petite fille est passée devant nous et mes « amis » ont sifflé et prononcés des commentaires durs envers elle. Je me suis tout de suite tourné avec indignation ; j’avais vraiment envie de trouver de meilleurs amis et une meilleure vie. Une nuit pendant cette période-là, en automne 1956 au juste, j’ai eu un songe frappant des Rocheuses, dans toute leur splendeur. Elles m’invitaient à y retourner. Je ne savais pas la raison pour cela, mais je savais que j’ai dû y retourner.

Tom Roulstone Hitch-hiking

Un songe céleste s’est planté dans mon cœur et dans mon esprit

La séduction du songe a toujours demeuré avec moi. Fin mai 1957, en dépit des objections de mes parents, j’ai démissionné de mon travail et suis parti vers Alberta avec Doug, l’un de mes amis qui voulait devenir un cowboy. Nous avons pris le train jusqu’à Winnipeg, puis nous avons fait d’auto-stop jusqu’à Calgary. La plupart des gens qui nous avaient conduits étaient bien respectueux, mais nous avons également monté à bord avec deux cambrioleurs qui avaient volé une voiture.

En Alberta, nous avons gagné 10 $ par jour à travailler sur un ranch vers Nanton. Doug voulait trouver plus de travail de ce genre, mais j’ai insisté sur le fait que je devais continuer vers les Rocheuses. Dans le village de Banff, nous n’avons pas pu trouver du travail, alors nous avons continué notre chemin vers le Lac Louise. Ce soir-là, nous sommes restés sur un terrain de camping public, où nous avons rencontré un employé de Deer Lodge qui nous a informés qu’il pourrait peut-être nous trouver un emploi au camp.

Flowers mountains

En début de journée le lendemain, nous avons fait une randonnée le long d’un chemin escarpé et tortueux pour nous rendre à Deer Lodge, un pavillon rustique près du Lac Louise. Un porteur nous a dit que le directeur ne sera pas disponible avant midi, alors nous sommes descendus vers le lac. Nous nous sommes tenus près de la rive de l’une des plus belles scènes au monde que je n’ai jamais vues. L'aigue-marine était entourée de montagnes verdoyantes et un glacier étincelant à l’autre bout.

Renversé, je me suis dit, « C’est spectaculaire ». « C’est un rêve devenu réalité ».

« C’est bien », dit Doug. « Mais, si je voulais travailler dans un hôtel, j’aurais pu rester à Toronto. Retournons alors à Calgary ».

Nous avons partagé nos avis opposés pour quelque temps.

Enfin, je lui ai dit, « D’accord, t’as raison! »

À contrecœur, je me suis détourné de la magnifique scène et a trainé derrière lui le long de la rue. Quand nous sommes passés par Deer Lodge, un cri nous a arrêtés sur le chemin.

« Cherchez-vous toujours un travail? » a crié le porteur depuis l’entrée principale du camp.

J’ai répondu « Oui! » Avant que Doug ne puisse prononcer un seul mot.

Nous avons été embauchés pour travailler dans la cuisine de la salle à manger. Une femme âgée supervisait le personnel de la cuisine. Un jour, elle m’a pris de côté pour me dire que sa petite-fille, Lenora Smith, allait travailler au camp.

« J’aimerais te la présenter », explique-t-elle. « Elle est une fille mormone sympa et elle suit ses études à BYU ».

« Qu’est-ce qu’un mormon? Et qu’est-ce que BYU? » J’ai demandé.

Témoignons la main du Seigneur dans l'œuvre

Une semaine plus tard, une jeune femme bronzée est entrée dans la cuisine. J’étais certainement captivé. La superviseure me l’a présentée sous son petit-non, Dolly. Elle m’a poliment reconnu et s'est rapidement détournée. J'avoue que j’étais pas mal fâché à ce moment-là. J'ai appris un peu plus tard que des sages-femmes mormones ont appris à éviter des jeunes gens ayant des coiffes en queue de cheval, des favoris, et des bottes de moto. Deux jours plus tard, nous nous sommes rencontrés de nouveau dans une salle de récréation bondée. Lors d’un quart de travail, Dolly et moi nous sommes trouvés seuls dans la pièce. Après un moment de silence bien délicat, je lui ai demandé si elle aime jouer au tennis de table. Elle répond à l'affirmative. Ainsi commence une amourette d’été. Quand je réfléchis sur cette rencontre importante, je n'ai aucun doute que c’est en effet l’objet de mon songe.

Dolly et Tom
Dolly et Tom

Dolly n’a pas hésité à partager ses croyances religieuses et j’étais bien heureux d’en apprendre davantage. Nous avons souvent fait le trajet de 40 milles à la branche de Banff de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Je n’ai jamais rencontré des gens si aimables. Pendant ma toute première réunion, j’étais particulièrement impressionné par un jeune missionnaire qui, malgré un défaut d’élocution, a prononcé un témoignage vibrant de l’évangile rétabli.

Mission home

Un dimanche, Dolly et moi avons participé à une réunion de la Sainte-Cène du soir, où il avait été annoncé qu’un coin de feu aura lieu chez la famille McKay. Avant le coin de feu, je me suis resté debout à regarder par une grande baie vitrée lorsque le crépuscule tombait sur des magnifiques montagnes et la vallée. J’avais vraiment peine à croire mes circonstances qui avaient tant changé. Il n’y a pas si longtemps, je roulais dans une voiture volée avec deux criminels et me voici aujourd’hui, un invité dans la résidence de vacances luxueuse de M. Don McKay, maire de Calgary.

À la fin août, la courte saison touristique a fini et Dolly et moi devions alors partir. Elle avait ses études à suivre à BYU et moi, de ma part, je n'avais pas d’autre choix que de retourner à Toronto. Je ne voulais vraiment pas retourner à ma vie d’autrefois. Lorsque le train est parti de la région montagneuse, je me sentais comme Adam et Ève quand ils avaient été chassés du jardin.

Old Toronto Mission Home
Ancienne maison de la mission de Toronto

Ma conversion

Quelque temps après mon retour chez moi, j’ai téléphoné au siège de la mission de Toronto. Le secrétaire de la mission, Elder John A. (Bert) Stevenson, m’a invité au manoir vénérable renouvelé. À l’aide d’un tableau de feutre, Elder Stevenson a déroulé l’évangile rétabli de Jésus-Christ. Je me rappelle toujours l’exaltation spirituelle que j’ai ressentie ces soirs-là. En apprenant davantage sur l’ascension inspirante de Joseph Smith d’un garçon humble et sans formation jusqu’au prophète du rétablissement, j’ai pu mieux comprendre que « pour Dieu tout est possible ». (Matthieu19:26).

J’étais baptisé le 16 novembre 1957. Je rêvais d’un domicile physique, mais j’ai trouvé plutôt un domicile spirituel. Même si ma vie a connu bien des hauts et des bas depuis ce temps, mon témoignage de l’évangile rétabli n’a jamais changé. Au crépuscule de ma vie, je peux affirmer sans hésiter que l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours est la véritable église du Seigneur sur la terre.

Même si nos chemins ont divergé, je suis éternellement reconnaissant de Dolly et du fait qu’elle m’a introduit à l’Église. Je remercie également Elder Stevenson pour ses instructions et son amitié. Mais, je remercie avant tout mon Père céleste pour mon songe qui m’a amené vers les Rocheuses et une nouvelle vie qui a inclut une mission à temps plein, deux diplômes universitaires et une carrière comme professeur collégial d’histoire et romancier.