Au milieu des années 1970, j’ai servi comme président de branche dans une petite branche d’Abbotsford, en Colombie-Britannique. La branche comptait environ 30 membres actifs. Pendant cette période, une jeune famille a emménagé dans notre branche. Le père, Leroy, ne faisait pas partie de l’Église. Il était un homme grand et fort qui travaillait avec les chevaux. Il n’avait aucun intérêt pour l’Évangile. Son épouse et ses filles étaient membres de l’Église et assistaient aux réunions aussi souvent qu’elles le pouvaient.
Leroy était un peu direct et franc dans son aversion pour toutes les choses concernant les Mormons. Il avait vécu une vie dure et misérable en Alberta et n’avait aucune appréciation pour les choses spirituelles. Dans la vie de Leroy, les choses étaient difficiles et un homme devait être dur pour faire son propre chemin. Il ne s’attendait à rien de personne. Leroy était, en substance, un homme bon, mais avait du mal à exprimer ce côté-là de son caractère. La vie n’avait pas été particulièrement bonne pour Leroy.
J’ai rencontré Leroy quelques fois et j’ai ressenti qu’il y avait beaucoup plus dans cet homme que ce que les yeux pouvaient percevoir. Mon épouse et moi avons engagé Leroy pour qu’il nous aide avec des clôtures et d’autres travaux d’entretiens de la petite superficie que nous occupions à l’époque. Il était dur, mais il était un honnête travailleur. Leroy et moi avons parlé et sommes devenus des connaissances, puis des amis, mais il résistait à toute tentative de ma part de lui parler de choses spirituelles. C’était tout simplement hors limites pour Leroy. Néanmoins, il acceptait que les instructeurs aux foyers et les sœurs visiteuses aillent à son domicile. Lors de leurs visites, Leroy quittait habituellement la maison.
Alors qu’il vivait à Abbotsford, Leroy et sa famille louait une ferme de 20 acres où Leroy pouvait avoir ses propres chevaux et pouvait aussi prendre soin des chevaux de d’autres personnes. Il cultivait du foin sur la ferme pour nourrir les animaux pendant l’hiver. Un soir, un fidèle instructeur au foyer, frère Colin Campbell, s’est arrêté dans l’espoir de pouvoir parler avec Leroy et sa famille. En s’approchant de la ferme, frère Campbell a pu apercevoir Leroy dans les champs ayant de la difficulté à embarquer les balles de foin dans sa remorque. Le ciel était menaçant et Leroy essayait désespérément de récolter tout le foin possible, afin de le mettre à l’abri dans la grange avant la pluie. Fère Campbell, un homme d’affaire, a enlevé son manteau d’habit et sa cravate et sans dire un mot s’est rendu dans les champs et a commencé à lancer des balles de foin avec Leroy. Travaillant côte à côte pendant des heures jusque dans la nuit, ils ont pu ainsi récolter tout le foin de Leroy avant le début de la pluie, sans qu’à peine un mot n’ait été prononcé.
À notre grand plaisir, Leroy a continué à venir à l’église chaque semaine. Lentement, l’esprit de l’Évangile a imprégné son extérieur dur et il a commencé à participer à des événements dans la branche. Les membres aimaient Leroy et il ressentait leur amour. Nos conversations personnelles ont changé. Il est devenu moins réticent, puis plus tendre et sensible aux sentiments spirituels. Son grand cœur s’est adouci. Après beaucoup de prières et de réflexion, Leroy a décidé de se faire baptiser. Un grand changement s’était produit dans Leroy. Il est devenu un nouvel homme avec un désir d’être disciple du Christ. Lui et moi avons eu de nombreuses occasions de partager notre amour fraternel. Il en est venu à aimer les détenteurs de la prêtrise de notre branche et du pieu et lorsqu’il a reçu la prêtrise, il se sentait vraiment humble à l’idée d’agir au nom du Seigneur. En raison de son humilité, Leroy est devenu un exemple spirituel pour plusieurs dans notre branche. Il avait le talent surnaturel de savoir et d’être là lorsque quelqu’un avait besoin d’aide. Il était remarquablement habile dans les choses mécaniques et appréciait vraiment aider les autres. Leroy a servi tout le monde.