La fleur de Samoa

La fleur de Samoa

« Porte du fruit là où tu as été planté – un dicton populaire pour certaines personnes – un mode de vie pour d’autres. Sœur Toese Tusitala a joint l’Église de Jésus‑Christ des Saints des Derniers Jours à l’âge de 14 ans à Samoa, sa terre natale. Elle a émigré au Canada en novembre 1978 apportant avec elle une multitude de talents. Souvent déracinée au cours de sa vie, elle a continué à développer ses talents et son témoignage. Au fil de ses pérégrinations, non seulement elle a porté du fruit là où elle aboutissait, mais elle a aussi planté la semence de la foi que d’autres aussi ont cultivé et fait fleurir. Il n’est pas surprenant qu’on la surnomme « la fleur de Samoa ».

Mère de deux enfants, Toese a promis, lorsqu’elle a divorcé leur père en 1998, que s’il tombait un jour malade, elle prendrait soin de lui. C’est une promesse qu’elle a tenue lorsqu’elle a appris que le père de ses enfants souffrait de démence et qu’il n’avait personne pour prendre soin de lui. Pendant dix ans, Toese a bordé Bob dans son lit avant de partir enseigner ses classes de conditionnement physique. Elle a veillé à ce que Bob ait toujours des repas nourrissants et tous les médicaments dont il avait besoin et ce, tout en occupant elle‑même deux emplois à temps plein, et parfois trois. Un de ces emplois était l’enseignement de cours de conditionnement physique. « Je savais que le Seigneur voulait que j’enseigne ces cours afin que je puisse avoir la force de faire tout ça », affirme‑t‑elle. À ce moment-là, son employeur à temps plein ne savait pas que Toese prenait soin de son ex‑mari, mais il lui a proposé de travailler à la maison afin de libérer de l’espace au bureau pour d’autres employés. C’était une réponse à ses prières. L’entreprise lui fournissait tout ce dont elle avait besoin pour exploiter un bureau à la maison. Ce changement lui a permis de continuer d’enseigner le conditionnement physique le matin, de prendre soin de Bob et de travailler sans le stress de se rendre au bureau. Elle devait toutefois jongler avec beaucoup de tâches. Elle se réveillait tôt chaque matin pour faire ses prières et étudier ses écritures avant d’entreprendre ses tâches quotidiennes. L’emploi de Toese a souvent changé à cette époque, mais elle continuait de donner son cours de conditionnement physique et allait à l’école afin d’acquérir plus de compétences et d’obtenir un diplôme. « C’est incroyable, pendant tout ce temps je n’ai jamais été malade, je ne me suis jamais sentie fatiguée. J’arrivais tout de même à enseigner 20 classes de conditionnement physique par semaine, à étudier et à prendre soin du père de mes enfants. »
Flower Photo

Après 10 ans, l’état de santé de Bob s’est détérioré et il a dû être hospitalisé. « Je n’aurais pu demander mieux comme père pour mes enfants et c’est pour cette raison que j’ai continué à m’occuper de lui, affirme Toese. Je crois fermement que si je sers le Seigneur il va me bénir avec la santé et la force dont j’ai besoin ». Son fils, Robert jr. (Bobby) Tusitala Thornton, un joueur de soccer professionnel dans le Wisconsin, et sa fille, Siona Elizabeth Tejada (Thornton), une mère elle aussi, ont ressenti le besoin de venir rejoindre Toese et Bob lorsqu’il a été hospitalisé. Siona et sa fille Kaiona (âgée de trois ans) sont restées à l’hôpital le jour pendant trois mois pour prendre soin de Bob pendant que Toese travaillait. Siona et sa fille dormaient à l’hôpital pendant la période où l’état de santé de Bob se détériorait. Chaque soir après le travail, Toese cuisinait des repas qu’elle réduisait en purée afin de nourrir Bob à la cuillère à l’hôpital pendant la semaine. La fin de semaine, son fils Bobby restait au chevet de Bob afin que Toese puisse remplir ses appels à l’église. Cette situation a duré trois mois, jusqu’au décès de Bob (en 2010). « Étant donné notre forte croyance en l’évangile et comme nous comprenions bien ses principes, la période du décès de Bob a été un moment très sacré pour nous », explique Toese.

Après le décès de Bob, Toese a commencé à méditer et à prier pour savoir quelle direction sa vie devait prendre. Pendant cette période, elle réfléchissait souvent au conseil donné dans sa bénédiction patriarcale de continuer à faire de l’exercice et de toujours faire du travail missionnaire. À cette époque, mis à part une classe de danse polynésienne, son cours de conditionnement physique et des contrats de trois à six mois avec le MTI College et la Sky Deficiency Company, elle n’avait pas travaillé depuis trois ans. Chaque semaine elle envoyait des cv en vue de trouver un emploi. « Je n’ai jamais cessé de faire ma part », dit-elle. Elle n’arrivait plus à payer l’hypothèque sur sa maison. Sa fille l’encourageait à déménager en Utah pour être près de sa famille et de ses petits‑enfants. Elle devait vendre la maison. « C’est une décision si importante », se confie‑t‑elle. Étant une personne croyante et qui allait assidument le temple, elle mit cette décision dans les mains du Seigneur. « J’ai ressenti que je devais vendre la maison et déménager en Utah pour habiter avec la famille de ma fille. »

Toese a vendu la maison à perte, mais elle se sentait bien avec cette décision. Au même moment, la Société de Secours de sa paroisse demandait des meubles et des articles ménagers pour une famille du Honduras qui venait d’arriver au Canada. Toese a donné tous ses meubles et articles ménagers à la famille. « Je sentais que le Seigneur voulait que je fasse du ménage dans ma vie. J’avais tellement de choses, il était temps de m’en défaire. Mon billet d’avion pour l’Utah était acheté et j’étais prête à partir. Pendant qu’elle préparait un luau d’au revoir pour son groupe de danse et ses amis deux semaines avant la date prévue de son départ, Toese a reçu un appel téléphonique du gouvernement provincial. On lui demandait de passer un test de dactylographie. « Je ne me souvenais même pas avoir postulé un emploi au gouvernement, mais je suis allée passer le test quand même. Je ne m’en faisais pas, car j’allais déménager dans quelques semaines ». Elle a réussi l’examen haut la main et a été convoquée à une entrevue et on lui a ensuite envoyé une offre d’emploi officielle au ministère des Enfants et du Développement de la famille. Elle a également reçu une offre d’emploi d’une connaissance qui l’aurait obligée de déménager en Chine. Toutefois, elle ressentait que la bonne chose à faire était de déménager en Utah. « Après avoir été sans emploi pendant trois ans, trois options s’offraient maintenant à moi », raconte‑t‑elle.
Flower Photo
En y repensant, elle se souvient qu’après avoir vendu sa maison elle avait trouvé « par hasard » un appartement. Elle était devenue amie avec la voisine de l’étage supérieur et lui avait parlé de l’évangile. La femme a joint l’Église. C’est elle qui avait encouragé Toese a postulé un emploi au gouvernement. « Je comprends comment le Seigneur guidait ma vie dans un but précis. Je n’ai jamais perdu la foi ni remis en question la voie sur laquelle Dieu me guidait ». Je n’ai qu’à faire ma part et vivre conformément aux enseignements de l’évangile pour être bien guidée. Je me lève toujours à 5 h 30 pour lire mes écritures et faire ma prière. Je prie pour tout – le jeûne, la prière, le temple, le service – je fais toujours ça. »
Flower Photo

Toese a accepté le poste au Ministère, mais elle devait trouver un endroit où vivre. Une fois encore elle a été guidée et a trouvé un endroit « où elle se sentait bien » seulement à deux pâtés de maisons du temple. Elle a tout d’abord été déçue, car elle était dans les limites d’une autre paroisse que celle où elle avait espéré aller. Cependant, dans la paroisse de Brookswood, elle a découvert qu’on avait besoin d’elle de bien des façons et dans des appels qu’elle n’avait jamais imaginés ou envisagés auparavant. Elle a été appelée comme secrétaire à la Primaire, et c’est elle qui s’est assuré que tout le programme était administré comme prévu et que les enfants en était reconnaissants. Elle a ensuite travaillé dans l’organisation des Jeunes filles et enfin, on l’a appelée pour enseigner la classe des Doctrines de l’évangile et pour servir à la buanderie du temple.

Toese utilise ses talents en danse et en cuisine pour réunir les membres de la Paroisse et de la collectivité tant au travail que pour des repas luau annuels missionnaires de la paroisse. « L’Église occupe la première place dans ma vie, c’est pourquoi je vois la main du Seigneur dans ma vie. Je sais que c’est ici qu’Il veut que je serve. Ma mission est de semer les graines de l’évangile en partageant mes talents, en rendant les gens heureux autour de moi et en montrant que ma force découle de l’évangile. Il n’y a rien de mieux dans ma vie que d’être au service du Seigneur ». Toese Tusitala, la fleur de Samoa s’épanouira dans le Pieu d’Abbotsford et dans la paroisse de Brookswood, à Langley, jusqu’à ce qu’elle prenne sa retraite et serve une mission ailleurs.
Flower Photo