Un code spécial

Un code spécial
Allard Photo

Après avoir été soutenu comme nouveau Soixante-dix d’interrégion lors de la conférence générale de 2014, j’ai été invité à me rendre à l’Édifice Administratif de l’Église pour rencontrer Elder Neil L. Andersen du Collège des douze apôtres pour mon ordination. Avant de procéder à l’ordination, Elder Andersen m’a demandé de lui faire rapport à propos de ce que j’avais appris lors de la formation spéciale qui avait eu lieu peu avant la conférence générale. De nombreuses expériences me sont immédiatement venues à l’esprit, mais surtout une en particulier.

Je lui ai mentionné comment j’avais été impressionné par la façon dont les membres du Collège des douze apôtres agissaient entre eux. À chaque fois, qu’ils entraient dans la pièce où se tinrent une série de réunions, ils se saluaient toujours chaleureusement. Ils se souriaient et se serraient la main ou même parfois se faisaient doucement une accolade. C’était surprenant pour moi parce que je savais qu’ils devaient s’être réunis juste quelques heures plus tôt. Je fus témoin d’un effort évident de leur part d’être respectueux les uns avec les autres et d’un désir sincère d’exprimer leur cordialité et leur affection.

Lorsque l’un d’eux enseignait, il faisait parfois une pause pour demander aux frères des Douze, s’il y avait quelque chose à ajouter ou des corrections à faire. De temps en temps, l’un des apôtres se levait et disait, « Je n’ai pas de correction à faire à ce qui a été dit, mais j’aimerais ajouter quelques commentaires à l’appui de ce qui a été magnifiquement enseigné. » Lorsqu’il retournait à sa place, des chuchotements d’encouragement se faisaient entendre ou on lui donnait parfois une tape sur le genou.

Cet effort d’inviter l’unité et le respect a laissé une nette impression sur moi. Ce fut en effet une occasion d’apprendre. Je fus témoin d’hommes de différentes origines, qui, parfois, pouvaient avoir des opinions différentes sur certains sujets, mais qui travaillaient à vraiment préserver l’unité et la vraie fraternité.

Lorsque Président Henry B. Eyring a été appelé au sein de la Première Présidence, on lui demanda comment son expérience et sa maîtrise en administration des affaires de Havard et un doctorat pourrait influencer son travail au sein de la Première Présidence. Président Eyring a émotionnellement raconté ce qu’il a observé à propos de la prise de décision au plus haut niveau de la direction de l’Église.

En 1971, il était assis dans sa première réunion avec le Comité d’éducation de l’Église. Il venait d’être assigné comme le nouveau président de ce qui était alors, Ricks College (maintenant l’Université de Brigham Young, en Idaho). Ayant une formation en recherche de décision de groupe, il a observé que la discussion avec le conseil d’administration était comme « la plus étrange des rencontres ».

« Ici, vous avez les prophètes de Dieu, et ils sont en désaccord d’une façon qui ne se voit jamais dans le monde des affaires, » lorsque souvent les opinions des membres du groupe diffèrent de celle du président. « Je pensais que la révélation se manifestait à chacun d’eux et qu’ils voyaient tous les choses de la même façon. Ce n’était rien de tout ce que j’avais vu dans mon étude des petits groupes dans le monde des affaires. »

Après un certain temps, les membres du conseil commencèrent à se mettre d’accord sur certains points, et président Eyring pensa qu’il voyait « un miracle de l’unité » prendre place. Cependant, alors qu’il s’attendait à ce que – Président Harold B. Lee (1899-1973) qui était président de l’Église à ce moment-là, annonce qu’un consensus avait été atteint, il fut surpris de l’entendre dire que la discussion était reportée. Président Lee avait ressenti qu’il y avait quelqu’un dans la pièce qui ne se sentait pas à l’aise.

Par la suite, président Eyring a observé que l’un des apôtres s’est approché de Président Lee pour le remercier. Président Eyring a dit qu’il se souvient avoir pensé, « Cette Église est ce qu’elle prétend être, la véritable Église de Jésus-Christ. La révélation est réelle ici, même dans ce que l’on appelle le côté des « affaires » et des opérations de l’Église.

« Président Lee m’a appris cette grande leçon que nous pouvons être ouvert et parler de manière directe de nos différences comme on ne peut le faire nulle part ailleurs. Personne ne cherche à gagner ou à faire dominer ses arguments. Nous voulons seulement faire et dire ce qui est correct. » (Carrie Moore and Nicole Warburton, “Elder Eyring Named New Second Counselor; Elder Quentin L. Cook is New Apostle,” Deseret Morning News, Oct. 6, 2007)

Après avoir appris à propos de l’expérience de président Eyring, une question m’est venue à l’esprit: « Est-ce que le Seigneur a révélé des instructions spécifiques sur la façon de fonctionner au sein d’un conseil? » J’ai découvert que les écritures révèlent quelques joyaux.

Parlant de la Première Présidence, du Collège des douze Apôtres et des Collège des Soixante-dix, ainsi que des collèges présidents, le Seigneur a dit : « Les décisions de ces collèges, ou de l’un ou l’autre d’entre eux, doivent être prises en toute justice, en sainteté, avec humilité de cœur, douceur et longanimité, avec foi, vertu, connaissance, tempérance, patience, divinité, amour fraternel et charité. » (Doctrine et Alliances 107 :30) J’avais lu ce verset auparavant, mais cela ne m’avait jamais frappé comme lorsque je l’ai lu à ce moment-là. Dans le verset suivant, une bénédiction significative rattachée à ce merveilleux conseil est donnée par cette révélation du Seigneur : « Car il est promis que si ces choses abondent en eux, ils ne seront pas stériles pour la connaissance du Seigneur. » (Doctrine & Alliances 107:31)

Un code spécial

J’ai pris une feuille de papier vierge et j’y ai écrit les vertus énoncées dans Doctrine et Alliances 107:30. Alors que j’observais les mots de ce verset, une découverte importante en est ressortie.

J’ai remarqué un code spécial de conduite. Ce code de conduite est crucial, autant dans nos réunions de conseil qu’à l’extérieur. Chaque fois que nous nous réunissons, nous devons être prêts à nous conduire de la manière que le Seigneur a enseignée.

Après avoir préalablement examiné les éléments de l’ordre du jour proposé par un conseil, on doit décider comment présenter les idées de façon claires et concises, comment se comporter si quelqu’un suggère une direction différente et comment réagir si quelqu’un ne parle pas ou n’agit pas en fonction de ce code de conduite.

Lorsque nous participons à une réunion de conseil, nous devons le faire en se rappelant la promesse que le Seigneur a faite dans Mathieu 18 : « Je vous dis encore que, si deux d’entre vous s’accordent sur la terre pour demander une chose quelconque, elle leur sera accordée par mon Père qui est dans les cieux. Car là ou deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux. » (Mathieu 18 :19-20)
Allard Photo . french.jpg

Lorsque l’on se conforme à ce code de conduite spécial, cela nous permet d’avoir la présence et les conseils du Sauveur.

Je me souviens d’une expérience où à chaque fois qu’un membre du grand conseil levait la main pour faire un commentaire, certains démontraient des signes corporels révélateurs. Ils se mettaient à bouger les papiers qui étaient devant eux et à réorienter leur attention sur d’autres tâches sans importances. Ce bon frère n’avait pas encore maîtrisé la capacité d’exprimer son point de vue de manière à ce que les autres l’écoute facilement.

Un jour, alors que je pensais à lui, j’ai ressenti un sentiment d’amour et de compassion envers lui. J’ai réalisé que ce frère était toujours présent et désireux de participer dans les affaires administratives de l’Évangile. Je me suis rendu compte que ce code spécial de conduite ne s’appliquait pas seulement à ceux qui adressaient la parole, mais aussi à ceux qui écoutaient.

Lorsque j’appliquais ce code, je trouvais que les contributions de ce frère dans nos réunions étaient très utiles. Il clarifiait tout ce qui avait besoin d’être clarifié et amenait des solutions utiles aux défis proposés. Comme présidence de pieu, on se mis à écouter les sentiments sincères de ce frère pour ensuite reformuler ses commentaires en s’abstenant d’exprimer de la frustration, d’être sur la défensive ou de faire des remarques négatives. Après avoir résumé ce qu’il venait de dire, il était d’accord avec nous et le reste du groupe pouvait ainsi se joindre à la conversation.

Ce frère a finalement appris comment exprimer ses points de vue de manière à ce que tous puissent en bénéficier. Plus important encore, cette application de ce code de conduite nous a aidés à apprécier chaque participant à la manière du Seigneur.

Exprimer les sentiments de notre cœur

J’aime ce que les Autorités générales nous rappellent à propos du principe de révélation. Neil A. Andersen a déjà expliqué que Boyd K. Packer (1924-2015), du Collège des douze Apôtres l’a introduit à une phrase qu’il n’a jamais oubliée : « La révélation est dispersée parmi nous. » (Leadership Enrichment Series, “Align with the Brethren,” Elder Neil L. Andersen, August 15, 2012.)

Elder Anthony D. Perkins du Premier Collège des Soixante-dix a lui aussi souvent entendu Président Packer utiliser cette même phrase. Elder Perkins nous encourage qu’alors que nous réalisons que la révélation est dispersée parmi nous, chacun de nous peut recevoir des idées inspirés et ensuite faire preuve de « meilleur jugement ». (Leadership Enrichment Series, “A Conversation on Inspired Leadership,” Elder Anthony D. Perkins, August 22, 2013) En d’autres mots, la contribution des idées de chaque membre du conseil est essentielle si nous voulons parvenir à la révélation souhaitée.

J’ai déjà eu le privilège de servir dans une présidence de pieu. Quelle merveilleuse expérience enrichissante! Alors que nous commencions à servir ensemble, mes conseillers et moi avons vite pris conscience d’un défi qui serait difficile à relever dans notre pieu. Je ne savais pas comment aborder ce défi. Mes conseillers étaient des personnes très indépendantes dans leur façon de penser et avaient de fortes personnalités. Cependant, je ne pourrai jamais assez souligner que ces deux frères étaient serviables et gentil dans leur approche.

Lors d’une de nos premières réunions, je leur ai expliqué le défi de la façon que je le voyais et je les invités à faire de même. Pour faire certain que leurs conseils soient appréciés, je leur ai dit, « il n’y a pas de président, ni de conseillers ici. Nous sommes trois détenteurs de la prêtrise avec des idées égales en la matière. S’il vous plaît, partager les sentiments de votre cœur à propos de cette question. Nous avons besoin de savoir la volonté du Seigneur à propos de ce problème. »

Nous avons alors commencé une discussion qui a duré quelques mois avant de devenir productive. Chacun explorait et expliquait différentes idées et les raisons pour lesquelles il amenait cette idée. Parfois des questions étaient soulevées alors que nous essayions de comprendre ce qui était présenté ou bien nous évaluions les conséquences encourues de poursuivre dans une direction spécifique. Si la réponse n’apportait pas l’assurance et le réconfort souhaité, nous abandonnions parfois l’idée proposée et changions notre position pour se rallier aux idées de l’un ou de l’autre. Après quelques mois de discussion, la solution finale devint claire et acceptable pour tous. Nous avons ensuite pris notre place respective en tant que président et conseillers et avons présenté notre décision au Seigneur. (Voir Doctrine & Alliances 42:3)

Ce qui est mieux pour le Royaume de Dieu

Le but de se réunir en conseil n’est pas pour qu’une personne domine sur les autres avec ses idées ou bien pour devenir celui qui a la solution magique. Le but de s’unir en conseil est de pouvoir trouver ensemble ce qui est mieux pour le Royaume de Dieu. En gardant ce but fermement à l’esprit cela nous aide à se rappeler et appliquer ce merveilleux code de conduite.

Le Seigneur a en outre conseillé, « Voici, je vous ai donné cela comme parabole, et c’est ainsi que je suis. Je vous dis : Soyez un; et si vous n’êtes pas un, vous n’êtes pas de moi. » (Doctrine & Alliances 38 :27)

Que le Seigneur puisse toujours nous bénir, alors que nous nous efforçons d’avoir et de préserver l’unité et le respect dans nos conseils de famille, de l’Église et au travail.

Sujets: Message d’Autorités Générales, Unité