Tendres miséricordes de Noël

Tendres miséricordes de Noël

Au milieu des années 1990, nous vivions dans une collectivité rurale en Alberta. Je servais comme évêque et ma vie professionnelle exigeait aussi beaucoup de mon temps. Nos six enfants étaient jeunes et m’apportaient beaucoup de joie. Ma tendre épouse était un soutien indispensable. J’étais cependant fatigué. Il me semblait que je n’arrivais pas à remplir toutes mes responsabilités. Ma plus grande crainte, c’était que mon incapacité nuise aux personnes que je devais aider.

Un des aspects difficiles de l’appel d’évêque était d’essayer d’accomplir toutes les tâches administratives. Il y avait tellement de problèmes personnels à régler dans la vie des membres qu’il me restait bien peu de temps pour préparer des rapports et rédiger la correspondance. Un soir, après le travail, je suis allé directement à la chapelle pour m’occuper des tâches administratives qui ne cessaient de s’accumuler. Je me sentais particulièrement épuisé ce soir-là.

C’était un mercredi soir, la soirée des activités pour les jeunes de notre paroisse. J’ai remarqué un jeune homme qui tournait autour de mon bureau. Je savais par expérience que cela signifiait qu’il y avait quelque chose qui le tracassait. Je l’ai donc invité à entrer.

Il ne lui a pas fallu longtemps pour se confier. Il m’a dit qu’il avait de la difficulté à savoir qui il était et qu’il se questionnait quant à sa valeur personnelle. Il n’était pas certain que Dieu existait, du moins pas un Dieu qui le connaissait personnellement et qui l’aimait. Il se disait que si Dieu n’existait pas alors il était inutile d’obéir aux règles et de faire son possible pour être un bon chrétien et un bon membre de l’Église. En discutant avec lui, j’ai eu une idée. Je l’ai invité à venir faire une course avec moi.

Une semaine ou deux plus tôt, un couple d’immigrants, parents d’un jeune bébé, était venu à la chapelle demander de l’aide. Je leur ai donné ce que je pouvais. Je les ai aussi invités à rencontrer nos missionnaires, et ils m’ont donné leur adresse pour que les missionnaires puissent les contacter. Je me souvenais que les femmes de notre congrégation avaient fabriqué des petites couvertures pour bébé et en avaient distribuées beaucoup à des familles dans le besoin de la collectivité. J’ai décidé qu’il serait bien d’emmener ce jeune homme avec moi pour aller porter une petite couverture à ce couple et leur souhaiter un joyeux Noël.

Nous sommes arrivés au bloc appartement, mais je ne savais pas le numéro de l’appartement ni le nom de famille du couple. En entrant, nous nous sommes arrêtés dans l’escalier et nous avons demandé à Père céleste de nous aider à trouver la famille. Nous avons ensuite gravi les marches, nous nous sommes arrêtés, nous avons choisi une porte et avons frappé. Elle m’a reconnu et a accepté avec gratitude la couverture de bébé et nos souhaits de Noël.
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Nous n’avons pas beaucoup parlé sur la route du retour, mais nous éprouvions un sentiment de gratitude, car nous nous rendions compte que nous venions de prendre part à quelque chose de spécial. Il était clair pour le jeune homme que Dieu connaissait les besoins de la famille immigrante et qu’il avait été un instrument dans ses mains pour les bénir. Cela voulait dire que Dieu existe, qu’Il connaît et aime chacun de ses enfants, même lui. Je crois que l’expérience lui a donné réponse à ses questionnements quant à sa valeur et sa raison d’être.

Quelques jours après cette expérience, j’étais de nouveau dans le bureau de l’évêque pour essayer de m’occuper des tâches administratives. Quelqu’un a frappé à la porte. Lorsque j’ai ouvert je me suis trouvé devant un Autochtone peu soigné à l’air rude qui m’a raconté qu’il était loin de sa famille. Il m’a dit qu’il vivait dans un petit village dans le nord de l’Alberta et qu’il avait essayé de faire de l’auto-stop pour rentrer chez lui pour Noël, mais qu’il ne s’était pas rendu bien loin. Il faisait froid dehors et il se demandait si je pouvais l’aider à acheter un billet d’autobus. Il semblait sincère. Je lui ai expliqué que, selon la façon d’aider du Sauveur, lorsque nous recevons une bénédiction, nous devons ensuite retourner la faveur comme nous le pouvions. Je l’ai ensuite invité à venir avec moi.

Lorsque je suis arrivé avec lui à la maison, ma patiente épouse lui a donné à manger. Il s’est lavé un peu et ensuite il m’a aidé à apporter de la nourriture à certaines familles dans le besoin. Au début, mon nouvel ami semblait appréhensif, mais après quelques maisons, il serrait la main des gens, les serrait dans ses bras et leur souhaitait un joyeux Noël.

Comme c’était le cas pour mon nouvel ami, une des familles à qui nous avons rendu visite avait de la difficulté à joindre les deux bouts. Cela avait été une expérience difficile voire humiliante pour le père au chômage de venir à la chapelle me demander de l’aide.

Lorsque nous avons souri et qu’ils ont accepté notre petite offrande de pain, je me suis senti inspiré de demander au père de me suivre un peu plus loin. « Mon frère, ai-je dit, puis-je vous demander de donner au suivant et de conduire cet Autochtone au centre urbain le plus près ce soir, lui acheter un billet d’autobus pour qu’il puisse retourner voir sa famille dans le nord de l’Alberta et l’accompagner à l’autobus? » Le frère a souri et a accepté avec gratitude cette tâche. Sans aucun doute, après avoir reçu lui-même de l’aide, il se sentait mieux de pouvoir aider à son tour.
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Quelques soirs plus tard, je me trouvais de nouveau au bureau pour essayer d’accomplir quelques tâches administratives. Des hommes de notre congrégation qui étaient allés porter des paniers de Noël à des familles nécessiteuses sont venus dans mon bureau porter des paniers qui n’avaient pas été attribués. J’ai pensé qu’il y avait encore d’autres familles qui en avaient besoin. Je les ai mis dans ma voiture et j’ai quitté le bureau.

Une des familles à qui j’avais pensé vivait dans un petit village à 10 km de là. Je croyais savoir où elle vivait, mais je m’étais trompé. Lorsque je me suis arrêté dans un dépanneur pour regarder une carte de la région, une autre famille de la paroisse est arrivée pour faire le plein d’essence. Je me suis rendu compte que c’était aussi une famille dans le besoin à qui je n’avais pas pensé.

Le père était sans emploi et il était évident que la famille avait besoin de nourriture. Tous les enfants se trouvaient dans la voiture. Il me restait deux paniers de Noël, alors je les lui ai donnés, ce qui a fait sourire les enfants, et les parents m’ont remercié humblement.

En remontant dans ma voiture, j’ai eu le sentiment clair que je devais aller voir la famille que j’avais tout d’abord voulu visiter. M’aidant de ma carte géographique, j’ai pu me rendre à leur domicile. Lorsqu’ils m’ont invité à entrer, je me suis rendu compte que j’étais arrivé pendant la fête de leur fils qui célébrait son huitième anniversaire de naissance. Il était très excité que je sois là pour sa fête et a cru que c’était le but de ma visite. Je n’ai rien démenti.
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J’ai discuté discrètement avec le père du garçon et je lui ai demandé s’il avait planifié le baptême de son fils. Il m’a confié qu’il n’était pas en mesure de baptiser son fils et m’a demandé si je le ferais. Je l’ai plutôt rencontré à plusieurs reprises dans les semaines qui ont suivi. En obéissant aux conseils du Sauveur et grâce aux bénédictions du sacrifice expiatoire, il a été digne de baptiser son fils.

Les tendres miséricordes du Sauveur étaient si évidentes pendant cette période de Noël. À un jeune homme qui avait de la difficulté concernant sa relation avec Dieu, Il a rappelé qu’Il existe, qu’Il connaît et aime chacun de ses enfants. À un couple d’immigrants parents d’un jeune enfant, Il a donné une couverture pour bébé et un témoignage que Son Église existe et bénit la vie d’autres personnes. À un Autochtone sans ressource, Il a permis de retourner auprès de sa famille pour Noël et lui a donné l’occasion d’apporter la joie de Noël à d’autres. À un père gêné d’être dans le besoin, Il a donné le don du respect de soi. À une famille dont les enfants avaient faim, Il a donné de la nourriture. À un enfant qui désirait se faire baptiser, Il a donné un père digne d’accomplir l’ordonnance. À un évêque dépassé par ses responsabilités, Il a donné l’assurance que c’était Son œuvre, qu’Il avait le contrôle de la situation et que par lui Il bénirait la vie de ses enfants.