Soyez donc parfaits?

Soyez donc parfaits?

Lors de mes récentes méditations, mes pensées ont été tournées vers le Sauveur lorsqu’il a dit: “Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait.”  (Matthieu 5 :48)  C’est un sujet de discussion souvent controversé, qui amène parfois de la confusion lorsque nous considérons ce commandement dans le contexte de notre état mortel d’imperfection actuel.  Si nous croyons que la perfection immédiate est ce qui est attendu de nous, nous allons vite devenir désenchanté et nous décourager dans notre incapacité d’être à hauteur de la tâche.  Si nous considérons ce commandement comme une impossibilité, nous risquons alors de manquer les occasions  qui nous engageraient dans un processus de sanctification qui nous amèneraient à s’agenouiller en présence de Dieu pour finalement résider avec lui.  Le mot grec pour traduire « parfait » signifie plus précisément « complet » ou « complètement développé ».  Nous devons comprendre que le défi lancé par notre Sauveur implique un processus qui nous conduira à un état exalté de perfection,  avec un corps ressuscité parfait et un esprit pur et sanctifié.  Il s’agit d’un processus qui nous amène à être un avec le Père et son Fils et qui nous aide à devenir des êtres complètement développés dans tous les sens du terme.  Je vais tenter d’explorer divers processus qui peuvent nous conduire à cet état de sanctification.

Tourner nos cœurs vers le Sauveur

L’obéissance est une caractéristique de purification.  Lorsque nous nous efforçons d’obéir, nous devons souvent aller au-delà de nos propres capacités afin de réussir.  Nous pouvons atteindre la perfection en obéissant aux commandements, tels qu’on les comprend.  Par exemple, nous pouvons être parfaits dans notre paiement de la dîme et des offrandes.  Nous pouvons être parfaits dans l’observance du jour du Sabbat ou dans notre obéissance à la Parole de Sagesse.   Cependant, ce n’est pas tout ce qui est requis.  Je me souviens du jeune homme riche qui s’est présenté devant le Seigneur et qui cherchait sincèrement à savoir ce qu’il pouvait faire pour obtenir le royaume de Dieu.    Cet incident est écrit dans le Nouveau-Testament :

« Et voici, un homme s’approcha, et dit à Jésus: Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle?

« Il lui répondit : Pourquoi m’interroges-tu sur ce qui est bon?  Un seul est bon.  Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements.  Lesquels? Lui dit-il.

« Et Jésus répondit : Tu ne tueras point; tu ne commettras point d’adultère;  tu ne déroberas point; tu ne diras point de faux témoignage;

« Honore ton père et ta mère et : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.

« Le jeune homme lui dit : J’ai observé toutes ces choses; que me manque-t-il encore?

« Jésus lui dit : Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel.  Puis viens, et suis-moi.

« Après avoir entendu ces paroles, le jeune homme s’en alla tout triste; car il avait de grands biens.  (Matthieu 19 : 16-22)

Pendant cet entretien, il est évident que le jeune homme avait coché toutes les cases.  Il était parfait dans l’observance de la loi, mais n’avait pas donné son cœur au Seigneur.  Il n’était pas complet.  Dans cet exemple, le jeune homme était incapable de placer ses richesses sur l’autel, mais il y a peut-être autre chose qui nous empêchent de tourner nos cœurs vers le Seigneur.  Peut-être que nos cœurs sont trop attachés à « nos » richesses, notre temps, nos péchés ou l’orgueil pour se tourner complètement vers le Seigneur. Nous ne devons pas devenir  pharisaïques  dans notre approche de la perfection.  Le Sauveur a été clair dans son reproche face à une telle attitude.  « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites!  Parce que vous payez la dîme de la menthe, de l’aneth et du cumin, et que vous laissez ce qui est plus important dans la loi, la justice, la miséricorde et la fidélité : c’est là ce qu’il fallait pratiquer, sans négliger les autres choses. » (Matthieu 23 : 23)  Nous devons nous rappeler que l’exaltation n’est pas quelque chose que nous pouvons gagner, mais c’est un cadeau qui nous est donné par la grâce de l’expiation, après tout ce que nous pouvons faire. (2 Néphi 25 : 23)  L’émulation du Sauveur nous sanctifie et nous permet de tourner nos cœurs vers lui.  Les vertus chrétiennes sont développées par l’humble et fervente adhérence aux principes qu’il a enseignés.

Persévérer jusqu’à la fin

Le mot endurance est un mot difficile.  Il évoque des sentiments d’effort et d’épuisement.  C’est peut-être bon parce que la vraie endurance au sens spirituel exige un peu des deux.  Récemment, j’ai assisté aux réunions dans une paroisse en Arizona.  C’est un endroit très populaire en hiver pour de nombreuses personnes âgées.  Je suis arrivé vingt minutes d’avance et la chapelle ainsi que la salle du culte était remplie à pleine capacité.  J’ai réfléchi à la vaste étendue d’expérience et la foi contenue dans cette salle.  J’ai pensé aux nombreuses luttes, déceptions, difficultés et chagrins que ce groupe avait fidèlement endurés tout au long de leur vie.  Je suis certain que beaucoup d’entre eux avaient ressenti la douleur de perdre un être cher ou ressenti la solitude d’être célibataire.   Peut-être avaient-ils enduré des maladies difficiles, des revers financiers ou le déchirement d’avoir des enfants errants.  On peut seulement imaginer l’expérience cumulative d’un tel groupe.  Pendant une présentation musicale de la chorale, une sœur âgée a chanté en solo une partie de « Je sais qu’il vit mon Rédempteur ».  Sa voix frêle, qui n’était plus jeune et qui était affaibli par les années, était néanmoins forte et résolu dans son doux témoignage du Sauveur.  Le cœur m’est monté à la gorge lorsque j’ai ressenti son engagement spirituel et sa fidèle endurance.  Son solo transcende la définition du monde de la perfection.  Toutes les épreuves que nous endurons fidèlement au cours de cette vie nous sanctifient et nous amènent à mieux comprendre notre Père aimant.  Ce n’est pas facile d’endurer de telles épreuves.  Plusieurs blâment Dieu et se détournent au moment précis où il leur tend la main avec compréhension.  Pour devenir complet, nous devons ressentir ce qu’il ressent et le connaître comme étant un Père aimant.  Dans le jardin de Gethsémané, le Sauveur a enduré la douleur non pas seulement pour nos péchés, mais aussi pour la douleur que nous ressentons et avons  de vivre dans ce monde ainsi que les difficultés que nous rencontrons pour traverser le chemin difficile de la perfection.  Le chemin de la perfection est étroit et resserré,  il n’est pas toujours plaisant ni de tout repos.  Souvent, nous serons tentés de prendre des détours ou même de se retirer et se stationner pour un certain temps, en essayant de se reposer des difficultés de la vie.  La perfection exige que nous finissions.  On ne nous a pas promis un chemin facile vers l’exaltation, mais seulement la direction.  Ceux qui ont beaucoup voyagé sur cette route peuvent regarder en arrière avec sagesse et peuvent reconnaître le processus de sanctification à travers les expériences difficiles rencontrées le long du chemin.  Lorsque notre cœur et notre esprit sont tournés et axés sur le Sauveur, nous regardons les difficultés de la vie non pas comme des épreuves, mais comme des bénédictions qui changent notre cœur et nous préparent pour l’exaltation.     

Partager l’Évangile

Nous lisons dans les Doctrines et Alliances une promesse donnée par le Sauveur.  « C’est pourquoi va, et fais les œuvres d’Abraham; entre dans ma loi et tu seras sauvé. » (D&A 132 : 32)  Nous ne pouvons pas demander tout simplement les droits de l’alliance.  Jésus a réprimandé les pharisiens dans leur prétention à la bénédiction d’Abraham : « Ils lui répondirent : Notre père, c’est Abraham.  Jésus leur dit : Si vous étiez enfants d’Abraham, vous feriez les œuvres d’Abraham. » (Jean 8 : 39)   Une partie de la promesse faite à Abraham était que l’Évangile serait portée au monde entier, à la fois aux vivants et aux morts par sa postérité.  Faire ce travail à travers l’œuvre missionnaire et l’œuvre du temple n’est pas seulement un accomplissement de l’alliance, mais aussi une bénédiction à revendiquer.   C’est un travail de sanctification et un travail qui nous rapprochera davantage de Dieu afin que nous soyons un avec Lui et son Fils.  L’exaltation, la perfection et l’intégralité exige que nous soyons impliqué dans ce travail de sanctification.  Ceux qui ont connu la joie de partager l’évangile avec un voisin ou la proximité spirituelle de ceux de l’autre côté du voile, alors qu’ils étaient à genoux à un des autels du temple en leur faveur, comprennent et ressentent l’épanouissement personnel.  Nous pouvons littéralement sentir les bénédictions de l’alliance.  Le prophète Joseph Smith a enseigné à plusieurs reprises que notre propre exaltation dépend de notre capacité et notre volonté  à ouvrir notre cœur et à ouvrir notre bouche autant aux morts qu’aux vivants.  Il a enseigné dans les Doctrines et Alliances : « Et maintenant, mes frères et sœurs tendrement aimés, laissez-moi vous assurer que ce sont là des principes relatifs aux morts et aux vivants sur lesquels on ne peut pas passer à la légère, car ils ont trait à notre salut.  Car leur salut est nécessaire et essentiel à notre salut, comme le dit Paul concernant les pères – que sans nous ils ne peuvent parvenir à la perfection – et sans nos morts, nous ne pouvons pas non plus parvenir à la perfection. »  (D&A 128 : 15)  Le Seigneur partage avec nous la bénédiction de participer à son œuvre et sa gloire et réaliser avec lui l’exaltation de ses enfants.  Sa description des saints fidèles dans les Doctrines et Alliances nous dit tout : « Car ils ont été placés pour être une lumière pour le monde et pour être sauveurs d’hommes. » (D&A 103 : 9)  Au cours de cette vie, nous ne serons jamais autant un avec le Père et son Fils que lorsque nous serons engagés dans ce travail parce que c’est leur travail.  C’est l’ultime expression d’amour et l’expression sincère de l’intérêt que nous avons pour les enfants de Dieu.  C’est le travail du salut.

Frères et sœurs, je m’émerveille devant l’invitation du Sauveur.  C’est beaucoup plus qu’un défi de vivre les commandements, mais une invitation à bras ouvert d’être un avec le Père et le Christ, d’être comme eux, purifié, complet, accompli et entier. C’est l’extension ultime de la grâce et de l’amour.  C’est ma prière qu’alors que nous méditerons sur ces choses, nous puissions être édifiés et sanctifiés afin que nous comprenions notre vrai potentiel comme fils et filles d’un Dieu vivant et aimant.  Moroni a écrit les paroles de son père qu’il jugeait les plus importantes.  Il termine avec ce beau passage.  « C’est pourquoi, mes frères bien-aimés, priez le Père de toute l’énergie de votre cœur, afin d’être remplis de cet amour qu’il a accordé à tous ceux qui sont de vrais disciples de son Fils, Jésus-Christ; afin de devenir les fils de Dieu; afin que lorsqu’il apparaîtra, nous soyons semblables à lui, car nous le verrons tel qu’il est; afin que nous ayons cette espérance; afin que nous soyons purifiés comme il est pur.  Amen. » (Moroni 7 : 48)

Alors que vous méditerez sur les dons qu’il nous a donnés, puissiez-vous ressentir ses bénédictions et la possibilité d’être avec lui et même d’être comme lui.