Les ailes de la prière

Les ailes de la prière

Mon mari, John MacPhee, et moi nous nous sommes mariés à Raymond en Alberta, en 1943.  Nous étions amoureux depuis l’école secondaire.  Même si John n’était pas membre de l’Église, il assistait aux réunions de l’Église pendant que nous nous fréquentions et a continué à le faire après notre mariage.

Le jour où notre deuxième fille a été bénie, John m’a surprise en m’annonçant  la nouvelle que son baptême était prévu dans l’après-midi.  John a embrassé l’Évangile et nous avons été scellés avec nos enfants dans le temple de Cardston, en Alberta l’année suivante.
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Pendant dix ans, j’ai pu apprécier un époux et un père aimant qui travaillait sans relâche à édifier le Royaume de Dieu.  Durant ces années, je n’aurais jamais pu prévoir les événements qui changeraient nos vies.

John était un agent de carburant pour Raymond et District.  Dans les premières années, il transportait le carburant dans des barils de 45 gallons pour les agriculteurs. Plus tard, le travail acharné d’avoir à rouler les barils fut remplacé par une pompe qui transférait le carburant de son camion dans les réservoirs des agriculteurs.

Souvent, notre famille s’entassait dans son camion et nous allions avec John délivrer le carburant sur les fermes.  Nous piqueniquions et visitions les gens pendant que le carburant était pompé.  C’était de belles sorties.  Nous chantions ensemble et John aimait chanter plus fort pour entraîner les autres.

Lorsque la compagnie « Imperial Oil » (Huile Impérial) a obtenu le contrat pour fournir du combustible pour la construction d’un grand barrage en terre à proximité de Raymond, notre entreprise s’est mise rapidement à prospérer.  Nos finances allant en augmentant, John a pu construire une maison et deux garages pour les affaires de son entreprise.
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À peu près à cette époque, certains de nos amis ont encouragé John à prendre des leçons de pilotage.  Il a alors obtenu sa licence pour piloter.  Par un beau samedi de décembre ensoleillé, alors que John et son ami Ray, venaient de partir pour un vol autour de la campagne, une soudaine et violente tempête de neige s’est abattue sur la région.  À 18 heures, ils n’étaient pas encore revenus et le ciel s’était assombri et devenait orageux.  Je commençais à être terrifiée. Les membres de la famille se sont réunis chez moi.  Des prières ont été offertes, des plans ont été faits pour que mes sœurs restent avec moi tandis que les hommes organiseraient une recherche.  Ce fut un moment épouvantable.

Pendant deux jours, des centaines de personnes les cherchèrent en se déplaçant à travers l’épaisseur de la neige.  Lorsque la tempête s’est calmée, un fermier de la région utilisa son avion personnel pour élargir la recherche.  Il localisa le lieu de l’écrasement à dix milles au sud de Raymond.  Les deux hommes étaient décédés, morts instantanément lors de l’impact.

Je devins veuve à l’âge de 28 ans avec cinq petites filles à élever.  La plus jeune avait neuf semaines.  Nuit après nuit, je me suis agenouillée implorant le Seigneur de recevoir la force de passer à travers cette épreuve et chaque matin je me levais avec le cœur lourd, mais il y a eu beaucoup de miracles.

Après que le corps de mon mari fut amené à la morgue, on m’a informé qu’il serait peut-être préférable que le cercueil soit fermé.  Je me suis retirée dans une pièce pour être seul avec moi-même, désespérée et priant le Seigneur parce que je pensais que je ne pourrais pas continuer si je ne revoyais pas John une dernière fois.  Finalement, alors que j’étais épuisée et que je commençais à accepter la réalité de la situation, j’ai terminé ma prière en pleurant, disant, « que ta volonté soit faite, mais s’il te plaît donne-moi la force de continuer. »  Comme je disais ces paroles, je fus inondé d’une chaleur qui m’enveloppa et me réconforta et je ressentie une paix dans mon âme.  Ma première pensée fut, « Cela n’a pas vraiment d’importance si tu ne revois pas John.  Tout est bien. Les choses vont selon le plan de Père céleste et il va t’aider. »  Je savais que cette paix venait du Saint-Esprit, le Consolateur.  C’était la première fois que je réalisais ce rôle vital du Saint-Esprit.  Je me suis sentie en paix sachant que le plan du Seigneur était en place.  J’étais satisfaite de laisser le cercueil de John fermé et le sentiment terrible de ne plus le revoir me quitta.

Quelques heures après la nouvelle de la mort de mon mari, la compagnie « Imprerial Oil » (Huile Impériale) a téléphoné pour me demander si je serais disposé à reprendre l’entreprise de carburant en vrac de mon mari.  Aucune femme n’avait été un de leurs agents à ce moment-là.  C’était en 1953, alors que les femmes dans notre région commençaient tout juste à intégrer le marché du travail, mais pas dans des postes de direction.  Lorsque le responsable de la compagnie m’a contacté, il m’a expliqué que l’entreprise n’aurait pas d’agente féminine.  J’aurais besoin de trouver un homme pour me représenter, mais que je serais mandataire.  Mon beau-frère a accepté d’agir à titre d’agent et il est devenu une influence stabilisatrice et un sage conseiller qui m’a aidé à apprendre mon chemin dans le monde des affaires.  Je n’avais même pas eu le temps de m’inquiéter sur la façon dont je prendrais soin de moi et de mes cinq enfants que le problème était résolu.  Dieu savait déjà ce que j’avais de besoin avant que je n’aie le temps de m’en rendre compte, et il avait élaboré un plan.

Les mois qui suivirent furent extrêmement occupés alors que je prenais soin de mes cinq enfants et que je m’affairais à réussir dans l’entreprise de carburant.  J’avais à peine le temps de penser.  Le soir, lorsque les enfants étaient endormis et que tout était calme, les ténèbres m’enveloppaient.  Je me suis demandée, « Et si tout cela est un canular?  Et si nous ne sommes pas mariés pour l’éternité? »  Alors, je priais avec ferveur et les ténèbres et les doutes se dissipaient.  Lorsque la peur revenait, les prières ferventes la bannissaient  à chaque fois.
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Après la mort de John, j’avais évité de me rendre au temple parce que cet endroit était une place que nous allions souvent ensemble et  je savais que je me sentirais seule sans lui.  Mais, je savais que je devais y aller parce que j’avais ressenti, depuis la mort de John, qu’il avait été appelé à enseigner l’Évangile à ses ancêtres de l’autre côté du voile.

La première fois que je suis retourné au temple, j’ai reçu un témoignage sacré que notre scellement au temple était une réalité, que les plans de notre Père céleste sont réels, que John était près de nous, toujours aimant et soucieux de nous et qu’il m’attendait et attendait notre postérité de l’autre côté.  Ce témoignage, envoyé par un sage et aimant Père m’a apporté la paix et le courage de relever les défis de la vie.  Depuis cette expérience au temple, je n’ai jamais été envahi de nouveau  par un nuage de ténèbres.  Je suis heureuse et je suis en paix dans la vie et j’espère recevoir de meilleures choses au-delà du voile.

Pendant trois ans, j’ai géré l’entreprise avec l’Imperial Oil (l’Huile Impériale).  Entre temps, je fus encouragé par le directeur de l’école secondaire à accumuler d’autres crédits à mes études secondaires pour me qualifier pour un baccalauréat en éducation à l’Université de l’Alberta.

Lorsque le temps est venu de vendre l’entreprise, j’ai eu de la difficulté à trouver quelqu’un qui voulait payer le prix que je pensais qu’elle valait.  Je me suis découragée et j’ai envisagé de baisser le prix.  Ensuite, mon évêque m’a conseillé de ne pas vendre l’entreprise jusqu’à temps que j’aie assez d’argent pour payer mes études universitaires.  J’ai attendu, mais en continuant toujours de prier pour de l’aide et finalement quelqu’un de la communauté a acheté l’entreprise au prix que j’avais fixé.

Après toutes les difficultés pour déménager à Edmonton, pour enregistrer mes trois filles d’âge scolaire à l’école et trouver des sœurs de l’Église pour s’occuper de mes deux plus jeunes, je me suis finalement inscrite à l’université.  J’avais maintenant le défi d’être mère et étudiante universitaire.  J’étais débordée.  Je me suis souvent demandé, « Est-ce que je devrais être à la maison pour m’occuper de ma famille ou continuer à mettre le  plus d’heures possibles afin d’obtenir les meilleures notes? »  Après beaucoup de prières, de jeûnes et de réflexions, j’ai ressenti par le chuchotement de l’Esprit, « soixante-quinze. »  J’ai compris que c’était la note que je devais essayer d’obtenir. Dans les années qui suivirent, j’ai essayé d’étudier diligemment, mais lorsque je ressentais que c’était assez, je rentrais à la maison pour m’occuper de mes enfants.  Lors de la graduation, ma moyenne était de 74.9 pour cent.  Juste assez pour être admissible à un programme de maîtrise quelques années plus tard.
5 Mom & Girls

J’ai maintenant 88 ans, mes filles se sont mariées au temple et élèvent de belles familles.  Mes petits-enfants qui se sont aussi mariés au temple m’apportent de la joie et une postérité de bons citoyens, de bons saints et de bons missionnaires.  Mes enfants me retournent maintenant leur amour et élèvent mes soixante-dix-huit arrières petits-enfants.

Qui aurait su pendant les semaines difficiles que je vivais en 1953, que ma vie future serait si belle et enrichissante?  J’ai tout parce que mon Sauveur, Jésus-Christ, a veillé sur moi et m’a aimé.
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