Le Jour Du Souvenir: Pensées & Réflections

Le Jour Du Souvenir: Pensées & Réflections

Il n’y a jamais eu une journée depuis plus de deux cents ans sans qu’il y ait eu une sorte de guerre sur cette terre.  Des guerres; politique, tribal, religieuse, territoriale, civile, régionale ou mondial.  Il y a eu une guerre de « sept jours », une guerre de « mille jours » et des guerres qui ont duré « mille ans » ou plus.  Certaines guerres ont coûté la vie à une poignée de personnes, tandis que d’autres ont coûté la vie à des dizaines de millions.  En tout et partout, il semblerait que la nature même de l’humanité est de se faire la guerre.  Faisant référence à la Première Guerre mondiale, cette phrase sans espoir « Une guerre pour mettre fin à toutes les guerres » était impropre et de courte durée.  Clairement, ce sont les jours dont parlent les écritures : « Et ils entendront parler de guerres et de bruits de guerres.  Voici, je parle à cause de mes élus; car une nation s’élèvera contre une nation, et un royaume contre un royaume, et il y aura, en divers lieux, des famines et des tremblements de terre. Et de plus parce que l’iniquité se sera accrue, l’amour des hommes se refroidira.  Mais celui qui ne se laissera pas vaincre, celui-là sera sauvé. »  (Joseph Smith, Mathieu 1 : 28-30)

L’année 1918 n’a pas seulement marqué la fin de la Première Guerre mondiale, mais la fin d’au moins trois autres guerres qui ont fait rage simultanément.  La révolte du sud de la Chine, la seconde guerre sino-tibétaine et la guerre civile finlandaise.  On n’eut pas le temps de reprendre son souffle que trois nouvelles guerres surgirent en 1919; la troisième guerre anglo-afghane, la guerre entre la Hongrie et la Roumanie et la Ligue Partakiste en Allemagne, des guerres dont certains d’entre nous ne connaissaient même pas l’existence.  En 1920, dix guerres firent rages en même temps, dont certaines commencèrent bien avant la Première Guerre mondiale et cessèrent bien après!

C’est comme cela depuis les derniers deux cents ans ou plus.  Des batailles les unes après les autres se chevauchant les unes sur les autres comme si c’était une course pour mettre fin à l’existence de l’humanité.  Une réalisation apparente de ce que vit Néphi : « Et je les vis rassemblés en multitudes; et je vis des « guerres et bruits de guerre parmi eux; et c’est dans des guerres et bruits de guerres que je vis beaucoup de générations passer. »  (1 Néphi 12 :21)
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Depuis mon quatrième arrière-grand-père jusqu’à mes enfants, je dirais que cela constitue « plusieurs générations ».  Il n’y aurait pas suffisamment de cours d’histoire pour étudier toutes les guerres et décortiquer les leçons apprises ou les impacts qu’elles ont eus sur la race humaine. La plupart des guerres vont et viennent, et ne sont pas toujours mentionnées par les médias.   Il est rare que les guerres nous affectent personnellement.  Ici encore, les écritures ont couvert ce sujet, mais avec un avertissement : « Vous entendrez parler de guerres dans les pays lointains, et vous dites qu’il y aura bientôt de grandes guerres dans les pays lointains, mais vous ne connaissez pas le cœur des hommes de votre propre pays.  Je vous dis ces choses à cause de vos prières; amassez donc de la sagesse dans votre sein, de peur que la méchanceté des hommes ne vous révèle ces choses par leur méchanceté, d’une marnière qui parlera à vos oreilles d’une voix plus forte que celle qui ébranlera la terre; mais si vous êtes préparés, vous ne craindrez pas. » (Doctrine & Alliances 38 : 29-30)

Je doute que l’on puisse trouver deux personnes sur dix mille qui sachent quelque chose à propos des deux cent soixante guerres que le monde a subies depuis les années 1900 seulement.  En fait, peu d’entre nous ont eu des expériences personnelles en rapport avec la guerre, même s’il y a des atrocités reliées à la guerre partout à travers le monde, en ce moment même.

La plus proche expérience que la plupart d’entre nous dans ce pays ont eue en rapport avec  la guerre, est que certains ont servi dans l’armée et ont effectivement vu de leurs propres yeux – pas ici, mais dans d’autres pays – la dévastation qu’entraîne ce mal.  Parmi ceux-là, de vaillants hommes ainsi que de vaillantes femmes qui se sont portés volontaires pour jouer un rôle désintéressé pour la protection de nos libertés, ceux-ci en ont probablement appris un respect et une reconnaissance qui échappe au reste d’entre nous.  Donc, le fait d’avoir une journée comme celle du Jour du Souvenir est vital.  Nous avons besoin de moment comme celui-ci – et c’est tout ce que le Jour du Souvenir représente, un moment, un instant pour réfléchir sur ce que cela signifie d’être libre, sur ce que cela signifie d’avoir eu quelqu’un qui a payé le prix pour notre liberté.  Quel nation indigne et ingrate, serions-nous, si nous ne prenions pas un moment comme le Jour du Souvenir, pour devenir comme un sacrement  pour le sacrifice que les autres ont fait, autant ceux qui sont décédés que les survivants.

Parce que nous sommes généralement tellement loin des effets et des histoires de la guerre, il se peut que cela soit difficile pour nous d’être dans un état d’esprit de reconnaissance.  Mais, il est essentiel que nous puissions faire un effort concerté pour tourner nos cœurs et nos esprits à se souvenir.  Nous devrions faire ce que Paul a exhorté : « Et que la paix de Christ, à laquelle vous avez été appelés pour former un seul corps, règne dans vos cœurs.  Et soyez reconnaissants. »  (Colossiens 3 : 15)
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Si nous ne connaissons pas personnellement quelqu’un qui a été éprouvé par la guerre, il est fort probable que nous n’ayons pas été en contact avec notre propre histoire.  Il n’y a pas beaucoup de nos ancêtres qui ont échappé aux tumultes et aux turbulences des dernières croisades.  Essayez de vous rappeler quelqu’un qui a fait un tel sacrifice; un père, un oncle, un grand-père, une tante ou une grand-mère.  Il y a tellement de façons de servir son pays.  Aucun des sexes n’est exclu.  Si personne ne vous vient à l’esprit, recherchez-les.  Une fois que vous les aurez trouvés, « réfléchissez » sur ce que cela a dû être de subir les réalités de la guerre, contrairement aux drames que nous voyons à la télévision.

Il est très approprié que Joseph F. Smith ait mentionné que ce sont ses réflexions sur l’expiation qui lui ont permis de recevoir sa vision sur la rédemption des morts, qui par la suite fut enregistrée comme la section 138 dans les Doctrine et Alliances.  Pourquoi cela est-il approprié?  Parce que la section 138 est devenue partie des écritures en octobre 1918, un mois avant la fin de la Première Guerre mondiale, alors qu’une multitude de personnes affluèrent dans le monde des esprits.  Les premiers versets de la section 138 sont des exemples de la façon dont nous devrions percevoir nos morts.  Réfléchir et méditer : « Le troisième jour d’octobre, en l’an mil neuf cent dix-huit, j’étais assis dans ma chambre méditant sur les écritures; réfléchissant au grand sacrifice expiatoire que le Fils de Dieu avait fait pour racheter le monde; et, tout comme Joseph Smith a dit dans ses écrits : « … J’y pensais constamment, sachant que si quelqu’un avait besoin que Dieu lui donne la sagesse, c’était bien moi; car je ne savais que faire. »  (Joseph Smith – Histoire 1 :1, 2 & 12)

Nous devons réfléchir sur les choses encore et encore.  C’est la raison pour laquelle nous avons besoin du Jour du Souvenir chaque année.  Aubrey Allison Bissett (mon grand-père) est une source de réflexion pour moi.  Que les histoires qu’il racontait soient vrais, ou aient été embellies, ou aient été de sa propre invention, ne fait aucune différence pour moi.  Aubrey était un jeune homme qui vivait dans un monde déchiré par la guerre.  Son imagination pouvait s’étirer au-delà des limites normales, dans un mélange de peur et de bravoure.  Tout le monde voulait être un héros.  Tout le monde était un héros.  Dans l’esprit et dans les rêves de ce jeune homme, les souvenirs et l’imagination étaient tordus et mélangés dans une concoction de boue et de sang.

Donc, qu’est-ce qui a fait qu’Aubrey Bissett soit un héros?  Il n’a pas accompli de grands exploits qui ont été écrits dans les annales de l’histoire.  Il a seulement reçu quelques marques de reconnaissances pour ses services – des médailles pour une chose ou quelques autres choses.  Mais rien d’assez significatif pour en faire un film.  Je dirais, que le désir d’Aubrey d’avoir voulu servir, fait de lui un héros.  Bercé dans les bras de la liberté et de la justice, il n’a jamais eu à aucun moment l’inclinaison d’abandonner ses principes.  Mais dans le cœur de son ennemi, il y avait quelque chose de différent. C’était de rechercher à commander, réguler, manipuler et à contrôler tout ce qu’il voyait, ce qu’on disait et faisait.  Ce n’était pas pour Aubrey.  Pour être analytique, il n’était pas conscient d’une pensée aussi noble.  C’était ancré en lui de défendre ses principes.  Indépendamment de son raisonnement, c’était suffisant pour mettre sa vie en danger.  Mais jamais sous la contrainte ni par la force.  Aubrey, et les autres comme lui, se sont enrôlés volontairement.
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Comme cela était typique de sa génération, parler à propos de la guerre était difficile.  Il lui a fallu des années avant qu’il puisse ouvrir son cœur et partager certaines de ses histoires.  Qui aurait pu comprendre sa douleur?  Quels conseils pouvaient-t-on lui donner pour être à la hauteur de ses expériences intimes?  Il n’y avait pas d’empathie pour une telle offre.  Il n’y avait pas de consolation qui pouvait être donnée.  Qui pouvait sympathiser?  Qui pouvait possiblement consoler?  Seulement le Dieu d’Aubrey.

Une telle histoire a commencée en juin 1917, lorsque le NCSM (Navire Canadien de Sa Majesté) Shearwater a entrepris un voyage de quatre mois comme bateau de ravitaillement pour deux petits sous-marins canadiens. De Esquimalt, en Colombie-Britannique, le trio a navigué jusqu’au bas de la côte ouest à travers le canal de Panama, c’étaient les premiers navires de guerre canadiens à faire cela et ils ont fait le chemin du retour par la côte est jusqu’à Halifax.  Arrivé en octobre 1917, le NCSM Shearwater était parfaitement positionné pour l’incident le plus dévastateur de toute l’histoire du Canada et peut-être même du monde, à ce moment-là : l’explosion d’Halifax.

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Le Mont-Blanc, navire à vapeur français, entièrement chargé de munitions de guerre et le navire à vapeur norvégien Imo sont entrés en collision.  Un incendie a éclaté sur le Mont-Blanc et n’a pas pu être contenu.  Le feu a enflammé les munitions.  La déflagration a été si puissante que l’eau en dessous du navire a été vaporisée, créant ainsi un immense vide qui causa un raz de marée qui rasa tout ce qui n’avait pas déjà été rasé par l’explosion.  L’explosion la plus dévastatrice d’origine humaine de toute l’histoire, avant l’invention des armes nucléaires.  Des parties du navire ont été retrouvées à des milles à la ronde.  Protégé par un navire à proximité, l’équipage du NCSM Shearwater a survécu.  Pouvez-vous imaginez comment un jeune homme de seize ans a pu se sentir, alors qu’il se promenait dans les rues d’une métropole qui n’étaient plus reconnaissables à la recherche de survivants, voyant des corps sans tête suspendus à des bâtiments en ruines, sautant par-dessus des parties de corps humain et des ruines inimaginables?  Ayant survécu physiquement, comment pouvait-il maintenant survivre mentalement?

Nous ne pourrons jamais savoir, dans cette vie, ce que tous ceux, comme Aubrey Bissett, ont eu à endurer.  Mais, nous pouvons incliner la tête et leur donner notre respect; une certaine sympathie, nos remerciements et notre engagement de ne jamais oublier!

Le roi George V a inauguré la tradition du jour du souvenir pour les membres décédés de l’armée.  Le cumul d’une myriade de conflits ultérieurs a provoqué un changement dans ce qui était à l’origine le Jour de l’Armistice.  On a déterminé que ce nouveau nom serait plus approprié pour tous ceux qui ont sacrifié leur vie pour notre liberté : Jour du Souvenir.  Malgré le nouveau nom, la promesse de ne « Jamais Oublier » reste la même.  Bien que les hostilités ont fait rage, et font rage, et continuerons de faire rage, nous sommes une nation bénie.
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Surtout, n’oublions jamais cet aspect de notre liberté.  Dans la version anglaise de notre hymne national, nous prions : « Que Dieu garde notre pays, glorieux et libre! ».  Dans la version française, nous proclamons : « Que nous sommes prêts à manier l’épée, de foi trempée, pour protéger nos foyers et nos droits. Avec audace, nous déclarons : « Nous sommes prêts à te défendre, O Canada! »

Pour tous ceux qui sont tombés – nous vous remercions.  Du plus profond de nos cœurs et de toutes les fibres de nos âmes – Merci!  À tous les survivants, nous vous remercions.  Du plus profond de nos cœurs et de toutes les fibres de nos âmes, merci!
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À notre Dieu, quel remerciement pouvons-nous offrir, qu’un cœur brisé et un esprit contrit,  notre obéissance, la charité et l’amour de tous les hommes.  Comme le psalmiste a dit : « Car celui qui meurt n’a plus ton souvenir; qui te louera dans le séjour des morts? »  (Psaumes 6 :6)  « Nous te louerons, ô Dieu! Nous te louons; ton nom est dans nos bouches; nous publions tes merveilles. »  (Psaumes 75 :2)