Les nouveaux missionnaires partout dans le monde mettent leur foi en Dieu, placent dans leurs valises suffisamment de linge pour deux ans et embrassent leur mère avant de partir, croyant qu’ils seront en sécurité jusqu’à ce que leur linge soit usé et qu’ils reviennent à la maison. C’était le cas d’Elder Denny Jensen avant qu’il quitte la maison familiale à Raymond, en Alberta et lorsqu’il est arrivé à Tanna, une île isolée du Vanuatu dans le Pacifique Sud. Le Vanuatu a fait la manchette et est entré dans l’histoire le 13 mars 2015 lorsque le cyclone Pam de catégorie 5 a frappé l’archipel. Avec des vents allant jusqu’à 270 kilomètres heure, Pam s’inscrit comme la pire tempête de l’histoire de cette nation insulaire et fait 24 morts. Elder Jensen est un témoin, il y était.
Kelly, la mère d’Elder Jensen a eu la nouvelle du cyclone le même jour qu’elle a reçu l’itinéraire du retour de son fils au Canada à la fin de sa mission en juin. Le communiqué de presse officiel de l’Église indiquait que toutes les communications sur l’île étaient coupées après le passage du cyclone Pam et qu’on ignorait la situation des missionnaires de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Cependant Dieu connaissait la situation d’Elder Jensen et des 10 autres missionnaires qui se trouvaient sur l’île de Tanna.
« Le dimanche 8 mars, le président de mission Larry Brewer nous a informés qu’un petit cyclone prenait de la force dans la région et que nous devions nous préparer à la ‘possibilité’ qu’il frappe Vanuatu. Le risque que le cyclone nous touche était faible. Tout au long de la semaine, les avertissements devenaient de plus en plus sérieux jusqu’au jeudi, lorsqu’ils ont dit que nous nous trouvions dans la trajectoire du cyclone, et on nous demandé de tenter de venir en ville, si possible, le lendemain ou le surlendemain. Inquiets que les fortes pluies feraient monter le niveau des rivières et en rendraient le passage impossible, nous avons abandonné tout ce que nous avions et nous sommes partis sur-le-champ. Nous sommes arrivés en ville et nous y sommes restés avec d’autres missionnaires jusqu’au vendredi. On nous a alors informés que le cyclone devait frapper directement l’île et que tous les missionnaires devaient trouver refuge dans une ‘structure de béton sécuritaire’ si possible. Nous sommes allés à la banque et nous avons retiré notre argent, puis nous nous sommes dirigés vers la grosse école secondaire en béton de l’endroit. Après avoir demandé la permission du directeur, nous nous sommes installés dans des dortoirs qui nous avaient été particulièrement assignés. Bien que nous nous sentions en sécurité, nous étions inquiets pour les membres de l’Église qui habitaient notre village dans la région périphérique. Il n’y avait aucune structure de béton dans notre village où pouvaient se réfugier les 100 membres de notre branche. Ils vivaient au sommet d’une montagne là où le cyclone allait frapper le plus fort. « Nous n’étions pas certains que les bâtisses de l’Église tiendraient le coup, car beaucoup de ces structures étaient en bois et construites sur pilotis. À 16 heures, les 11 missionnaires s’étaient rassemblés dans l’école. C’était vendredi 13. »
Le véritable cyclone a frappé l’île à 5 h le samedi matin. De nos fenêtres, nous pouvions voir des débris et des branches qui volaient partout, des feuilles de tôle, des choses comme ça. Nous nous sommes assis sur le plancher et nous avons lu nos écritures ou chanté des cantiques. C’était bien de voir que lorsqu’une personne commençait à chanter, nous commencions tous à chanter aussi. La pluie tombait dru maintenant. Nous pouvions voir et entendre toutes sortes d’objets qui étaient projetés partout dehors. Le cyclone a continué de ravager l’île jusqu’à 13 h 30 le samedi 14. Puis, le calme est revenu.
À l’extérieur, les dommages étaient si catastrophiques que je ne reconnaissais rien. Les toits de tous les immeubles avaient été arrachés, des arbres avaient été déracinés et il y avait des morceaux de métal partout, même dans les arbres. Rien n’avait été épargné. Tout le monde se promenait ici et là en état de choc. L’île était toujours privée de courant.
À la demande du chef de police, qui était aussi le président de la branche, nous avons tenu une réunion spirituelle pour tout le monde dans l’école chaque matin et chaque soir. Il n’y avait pas beaucoup de membres présents, mais tout le monde appréciait un cantique, une prière et une pensée spirituelle. Nous avions apporté toute la nourriture que nous pouvions transporter, et nous en avions suffisamment pour survivre pendant une semaine, mais nous n’avions que 20 bouteilles d’eau, juste assez pour seulement quelques jours. Le président de branche a demandé aux gens de trouver et de rapporter tous les légumes qui n’avaient pas été détruits dans leur jardin. Nous avons bu l’eau des noix de coco afin de nous maintenir hydratés, mais ça n’enlevait pas la soif », raconte Elder Jensen.
Le mardi, les missionnaires avaient réussi à communiquer rapidement avec le bureau de la mission, et on leur a dit qu’ils seraient évacués par avion à 10 h le lendemain matin. « Nous sommes immédiatement retournés dans notre village pour aller chercher nos affaires. Nous avons voyagé par camion pendant trois heures et ensuite nous avons marché pendant une heure pour nous rendre à notre logement près de la chapelle. Chose incroyable, nous avons constaté que les bâtisses étaient encore debout. Aucun membre n’avait péri. J’étais surpris, car les gens vivent dans des huttes en bambou qui leur offrent très peu de protection. Près de 200 villageois avaient trouvé refuge à l’intérieur de notre chapelle de bois de 15 m x 6 m en attendant que le cyclone passe. La chapelle n’avait subi aucun dommage. À notre logement, il n’y avait qu’une fenêtre cassée et un panneau solaire avait été arraché, mais ces deux immeubles étaient les seuls encore debout dans toute la zone, explique Elder Jensen. Nous avons ramassé nos choses, serré la main du président de branche et nous sommes repartis en courant vers le camion. Il était 23 h lorsque nous sommes revenus à l’école. »