Au‑delà des nuages et plus loin que la lune, il y a des bénédictions éternelles

Au‑delà des nuages et plus loin que la lune, il y a des bénédictions éternelles

« Joy, c’est mon surnom », explique sœur Hisae Araki. Le nom lui va bien. Elle respire la joie. 久恵 (Hisae), son prénom, signifie « bénédictions éternelles ». Elle raconte : « Je suis née en 1948 à Hamamatsu, une ville située dans la préfecture de Shizuoka, au Japon où j’ai également grandie. J’avais une bonne famille, trois générations vivant sous le même toit. Ma mère était gentille et souriait toujours. Mon père m’a enseigné à respecter tout le monde. J’étais encore trop jeune pour m’interroger sur ce qu’était vraiment le but de la vie, mais lorsque j’étais enfant, ma grand‑mère me lisait chaque soir le conte de fée intitulé Non-chan Rides In the Clouds (Non‑chan voyage dans les nuages). Dans un hamac accroché à un arbre dans le jardin, je regardais le firmament et je me demandais ce qu’il y avait dans les nuages ou au‑delà des nuages ». Quand Joy avait sept ans, une amie l’a invitée à une église chrétienne dans le voisinage. C’est là que Joy a entendu parler de Dieu pour la première fois. Après cette première visite, Joy a continué d’y aller seule. « Je ressentais un bon sentiment dans mon cœur », ajoute‑t‑elle.

En 1966, Joy étudiait le graphisme à Tokyo, mais peu avant la fin de son programme d’étude de deux ans, elle s’est rendu compte que ce qu’elle voulait vraiment, c’était aider les gens, peut-être comme travailleuse sociale. Lorsqu’elle a voulu retourner à l’université, son père a refusé, et elle a donc travaillé pendant deux ans à Tokyo. « Mes propriétaires m’invitaient souvent à souper avec eux. Je n’oublierai jamais le soir où, après le repas, j’étais devant la télé avec eux lorsqu’Apollo 11 s’est posé sur la lune. Neil Armstrong marchait sur la lune, une première pour la race humaine. Je n’oublierai jamais ça! », raconte Joy. Même avec ces nouveaux horizons, Joy se demandait souvent s’il y avait autre chose au‑delà de la lune. « Pourquoi suis-je ici? Quel est le but de la vie? »

Chaque jour, à la station de train achalandée de Kichijo-ji, Joy passait devant deux jeunes hommes portant habit et cravate. Ces jeunes hommes parlaient à tous les gens qui passaient près d’eux. « Un jour, je suis allée avec une jeune fille à la station du TGV et deux de ces jeunes hommes se tenaient à côté de moi un livre à la main. ‘Qui sont‑ils?’ ai-je demandé à mon amie. Elle m’a répondu que c’était des missionnaires ». Joy a commencé à leur parler et ils l’ont invitée à venir à l’église avec eux.
La congrégation qui ne comptait que 12 membres était trop petite à cette époque pour être considérée comme une branche alors les réunions avaient lieu dans une petite maison. « Ce dimanche‑là, je suis allée à pied à l’église mormone. Une femme souriante a ouvert la porte coulissante et m’a souhaité la bienvenue », se souvient Joy. Les missionnaires lui ont enseigné la leçon sur la première vision. « Au début, je ne savais rien. Ils m’ont présenté un diaporama au sujet d’un garçon de 14 ans qui avait prié Père céleste et à qui deux personnes étaient apparues, Dieu le Père et son fils Jésus‑Christ. Cette histoire m’a fascinée. J’ai demandé aux missionnaires si c’était une histoire vraie et ils ont répondu que c’était vrai et m’ont demandé si j’aimerais en savoir plus. Les missionnaires lui ont donné un Livre de Mormon et elle a lu Moroni 10 : 4 qui explique comment obtenir une réponse à une prière. « J’ai ressenti l’Esprit et je me suis dit que j’allais suivre cette inspiration, a‑t‑elle dit. Je crois vraiment en Jésus‑Christ. »


Elle a mis tout son cœur dans les écritures, elle a lu le témoignage des trois témoins, le témoignage des huit témoins, puis relu l’histoire de Joseph Smith. « Pendant que je lisais Néphi, je me suis dit que je voulais vivre de la façon dont il avait vécu. Je ne pouvais pas m’arrêter de lire et j’ai terminé le livre en trois semaines. Je savais que je devais prier, alors j’ai prié disant ‘c’est un bon livre et je crois que ce qui y est écrit est vrai’. J’ai alors ressenti une grande chaleur et je savais que c’était vrai », affirme Joy.
Lorsque les missionnaires lui ont enseigné la cinquième leçon, Joy savait qu’elle avait trouvé le but de sa vie. Elle a cessé de boire du thé et a accepté la loi de la dîme pour se préparer au baptême. « Après la sixième leçon, lorsque les missionnaires m’ont dit que je pouvais être baptisée, j’ai sauté de joie en tapant dans mes mains tellement j’étais heureuse. J’ai été baptisée le 6 septembre 1970. J’étais une bonne personne avant, mais je suis devenue une meilleure personne, dit‑elle. Au début, je ne savais presque rien, mais mon esprit absorbait l’évangile comme une éponge sèche absorbe l’eau ». L’histoire de la première vision de Joseph Smith encore présente dans son cœur, elle s’est consacrée à l’Église. « J’ai accompagné les missionnaires et je suis descendu dans la rue avec eux pour distribuer des brochures. Mon père n’approuvait pas ma décision. Six mois après mon baptême, je lui ai demandé si je pouvais partir en mission, et il a dit non. »


«Je me suis rendu compte que je n’avais pas été un bon exemple pour mes parents et je me suis repentie. Ma mère commençait à travailler à 5 h. Elle faisait le ménage de la maison et préparait le déjeuner pour 7 h. Je me levais donc tôt le matin et je l’aidais à faire ses tâches quotidiennes. Un an plus tard, j’ai écrit une lettre de sept pages à mon père, témoignant du bonheur familial, rendant mon témoignage de l’évangile rétabli et de la véracité du Livre de Mormon. Je l’ai regardé pendant qu’il lisait ma lettre. Il s’est soudainement mis à pleurer en lisant ce que j’avais écrit. Je lui ai demandé : ‘papa, est-ce que je peux aller en mission’. Il n’a pu que faire oui de la tête. »

Joy a servi dans la mission du Japon de juin 1972 au 31 décembre 1973. « J’avais alors mon propre projecteur et une copie du film sur la première vision, dit‑elle, rayonnante. C’était ma mission de rendre témoignage à autant de personnes que possible. Ainsi, même si elles n’acceptaient pas notre invitation à entendre notre message, un jour peut‑être se souviendraient‑elles de mon témoignage ». Trente-huit personnes sont devenues membres de l’Église au cours des 18 mois de la mission de Joy.
Above the Clouds

Joy est venue au Canada à la demande d’un homme qui était membre de l’Église et qu’elle n’avait rencontré que quelques fois au Japon. Elle voulait vivre sur le même continent que le prophète et les Néphites. Même si Joy ne connaissait pas bien cet homme, elle l’a épousé dans le temple de Salt Lake City en 1974. Obéissant au conseil de Joseph Fielding Smith de compléter quatre générations de généalogie, Joy a commencé à faire la généalogie de sa famille en1975 et a terminé ses quatre générations. Elle a ensuite continué à trouver d’autres noms. Elle a fait ses premières ordonnances au temple de Cardston en 1976.

Malgré un mariage difficile et une famille qui continuait de s’agrandir, le témoignage de Joy n’a jamais diminué. En janvier 2011, pendant la période où Joy vivait à Surrey, en Colombie‑Britannique, son visiteur au foyer est venu chez elle et lui a demandé si elle pouvait aller en mission. « J’ai été surprise étant donné ma situation familiale, mon mari n’ayant pas de témoignage. J’ai eu envie de pleurer ». Deux semaines plus tard, le mari de Joy lui a annoncé qu’il voulait divorcer et qu’il partait pour le Japon. Elle n’a pas été surprise et s’est dit « Maintenant, je peux partir en mission. »

En 2013, Joy Araki est allée servir une mission de 18 mois à la Bibliothèque d'histoire familiale à Salt Lake City, un pâté de maisons seulement de la résidence du prophète. C’est à cet endroit qu’elle a aidé des gens à trouver des renseignements généalogiques dans le Koseki, le registre familial officiel du Japon. Joy a traduit des documents pour des usagers et a écrit des lettres d’introduction à l’intention du gouvernement du Japon afin que des personnes d’origine japonaise puissent avoir accès à l’information sur leur famille. « J’ai adoré ma mission. L’Esprit était si fort et je pouvais parler japonais toute la journée, avoue‑t‑elle. Je suis la dernière génération qui peut lire et écrire le japonais, alors je dois aider. Je suis contente lorsque les visiteurs sont heureux. La recherche de l’excellence m’a permis de me raffiner. Je veux vivre une bonne vie jusqu’à ma mort. Grâce au sacrifice expiatoire de Jésus‑Christ, je peux espérer un bel avenir. »
Above the Clouds

Les plans de Joy de retourner servir une autre mission se sont réalisés en novembre dernier lorsqu’elle a reçu un appel pour servir au Centre d’histoire familiale de Salt Lake City. Elle entrera au MTC de Provo, en Utah, en mai 2016. Entre temps, elle prend des cours d’apprentissage de l’anglais à une université locale afin de se préparer à des études plus poussées. Elle aide les gens des paroisses de la région pour la traduction des registres familiaux. « Récemment, j’ai terminé une traduction de koseki pour un nouveau membre de l’Église. Il avait obtenu ces registres en 2003 et avait attendu tout ce temps pour quelqu’un qui pourrait les traduire. Puis, je suis revenue de mission, dit‑elle en souriant. Maintenant, il peut aller au temple et faire les ordonnances pour sa famille. Père céleste veut bénir ses enfants. J’accomplis des services chaque jour pour le Sauveur en aidant des Américains d’origine japonaise, des Canadiens d’origine japonaise et d’autres personnes. Ce fut un honneur pour moi de les servir dans le cadre inspirant de ma mission. »

Comme le suggère son nom, 久恵 (Hisae) aide Dieu à déverser des « bénédictions éternelles » sur ses enfants. Sœur Araki n’éprouve pas de joie plus grande que de servir le Sauveur, c’est le but de sa vie.