Au service des enfants de notre Père céleste : Gratitude

Au service des enfants de notre Père céleste : Gratitude

« Au service des enfants de notre Père » est une série d’articles regroupant des extraits sélectionnés dans le journal de frère Christensen. Il a voyagé dans bien des régions du monde servant charitablement les enfants les plus pauvres de notre Père céleste, beaucoup d’entre eux vivant dans les plus terribles conditions. Les expériences qu’il y décrit (et qui n’ont pas été modifiées) ont été regroupées en collections et illustrent bien les attributs ou les qualités chrétiennes que possèdent ces gens merveilleux.
D & A 78 : 19 « Et celui qui reçoit tout avec gratitude sera rendu glorieux… »


La différence
Certains se plaignent si, lorsque le ciel est sans nuage
Et que le soleil brille de tous ses feux,
un petit nuage apparaît
Dans ce merveilleux firmament bleu :
Et d’autres sont pleins de gratitude,
Si un seul jet de lumière,
Un seul rayon de miséricorde divine,
Vient illuminer la noirceur de leur nuit. [Traduction]









Henry B. Eyring, (Conférence générale d’octobre 1989)

Au cours des huit dernières années, j’ai voyagé de par le monde à la recherche d’enfants devenus orphelins en raison d’un désastre, de violence ou de la pauvreté. Cette aventure m’a mené en Haïti, aux Philippines, en Guyana, au Japon et dans bien des régions d’Afrique.

Bien que je sois né et que j’aie grandi au Canada, j’ai toujours senti le besoin d’aider mes jeunes frères et sœurs peu importe où ils pouvaient être. Je me suis mis à la recherche de ceux qui ne pouvaient s’aider eux-mêmes et je leur ai apporté les bénédictions que mon Père m’a données en me confiant la tâche de « paître ses brebis ». Ces récits relatent quelques-unes des nombreuses et merveilleuses expériences que j’ai vécues en faisant ce travail en Afrique.

Nous sommes très bénis ici au Canada, nous vivons dans un pays sécuritaire, propre et où l’on peut trouver tout ce dont nous avons besoin pour satisfaire nos besoins temporels. La qualité de vie dont nous jouissons est de loin supérieure à celle de bien des régions du monde. Il est difficile d’imaginer que des gens ont de la difficulté à trouver de l’eau potable ou de la nourriture pour rester en vie. En Afrique, c’est quelque chose de tout à fait courant. L’œuvre que j’ai entreprise est bien résumée dans le merveilleux cantique no 139 intitulé Seigneur, j’ai tant reçu.

Les enfants en Afrique expriment leur sincère reconnaissance pour les bénédictions les plus simples, un verre d’eau, une orange, un petit animal en peluche. Ce qu’ils chérissent le plus, c’est leur relation entre eux et leur relation avec Dieu. Ils aiment chanter et le font de tout leur cœur. Ils ne perdent pas espoir à cause de ce qu’ils ne peuvent pas avoir, mais ils se réjouissent plutôt des petites bénédictions qu’ils obtiennent.

Entrée dans le journal : DES MIETTES DE PAIN POUR DINER

Entrée dans le journal : DES MIETTES DE PAIN POUR DINER

Nous étions au milieu de la journée et nous visitions un orphelinat. La centaine d’enfants étaient réunis pour prendre leur repas principal de la journée. Je pouvais voir qu’ils avaient hâte de manger. En regardant chaque enfant faire la queue pour obtenir son repas, j’ai été envahi de tristesse en les voyant s’approcher de la table où on leur donnait une poignée de morceaux de pain. C’était tout, c’était leur repas. Et pourtant, aucun enfant ne s’est plaint. Ils ont pris la nourriture et se sont assis. Depuis deux ans, nous les aidons et la situation s’est améliorée.

Lors d’un voyage, nous avons apporté des vêtements et des souliers neufs pour tous les enfants. Après avoir reçu un nouveau pantalon, chaque enfant est descendu avec empressement pour essayer le nouveau vêtement. Un petit garçon est revenu à l’étage avec un pantalon qui, de toute évidence, était beaucoup trop grand pour lui. Son visage était radieux alors qu’il tenait son nouveau pantalon d’une main. Nous avions commencé à distribuer des bonbons, et il s’est rendu compte qu’il se trouvait devant un grand dilemme. S’il continuait de tenir son pantalon avec sa main, il ne pourrait pas prendre de bonbons. Il avait un choix à faire qui fut simple et facile. Il a laissé tomber le pantalon et s’est lancé pour avoir des bonbons.

Entrée dans le journal : MAINTENANT NOUS MANGEONS BIEN
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Entrée dans le journal : MAINTENANT NOUS MANGEONS BIEN

Aujourd’hui, nous avons visité un autre orphelinat. Nous avons commencé à fournir une aide il y a deux mois et les résultats sont plutôt remarquables. La situation entière des enfants est bien meilleure. Ils sont passés de deux repas par jour à trois, et la nourriture est plus nutritive. Les responsables de l’orphelinat ont également pu acheter des lits pour beaucoup d’enfants qui devaient dormir par terre. Les enfants ont chanté des chants de gratitude, et une gentille petite fille a fait une prière pour remercier Dieu de notre présence et lui a demandé de nous bénir pour tout ce que nous faisions pour eux et de nous protéger. Je lui ai expliqué que les choses que nous apportions ne venaient pas vraiment de nous, mais que c’était des bénédictions de Dieu et que nous ne faisions que les livrer. Ce fut une merveilleuse visite.

Entrée dans le journal : LES ENFANTS ADORENT ALLER À L’ÉCOLE
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Entrée dans le journal : LES ENFANTS ADORENT ALLER À L’ÉCOLE

En Afrique, l’éducation est un défi et une grande bénédiction. Bien que l’école élémentaire soit supposée être gratuite, les enfants doivent fournir leur propre uniforme et leurs fournitures scolaires. Ainsi, beaucoup d’enfants orphelins ne peuvent pas fréquenter l’école. Si un enfant ne peut pas fréquenter l’école pendant les premières années scolaires, il est plus tard considéré comme trop vieux pour être admis dans les autres classes. Du côté positif, tous les enfants adorent aller à l’école. Les conditions dans les écoles sont souvent difficiles : l’éclairage n’est pas adéquat, il y a peu de livres et de fournitures scolaires et les enseignants n’ont eux-mêmes qu’une éducation de base. La plupart des leçons consistent en un apprentissage par cœur et on n’apprend pas aux enfants à résoudre des problèmes.

Un jour, je visitais une école, et il y avait une classe de mathématiques pour les enfants de 14 ans. Après avoir évalué leur capacité à faire des additions et des soustractions, j’ai fait un petit concours. Le premier élève qui parviendrait à résoudre le problème gagnerait 200 shillings (2,50 $). Tous les élèves attendaient avec impatience. Je suis allé au tableau et j’ai commencé à écrire une très longue série d’additions et de soustractions aussi rapidement que je pouvais le faire. Ils se sont tous mis à l’ouvrage pour trouver la bonne réponse. Certains d’entre eux se sont mis en équipe afin de mettre à profit leurs habiletés. C’était plaisant à voir. Après environ dix minutes, un jeune garçon a trouvé la bonne réponse et je lui ai donné le prix. Nous avons tous ri, et j’ai constaté qu’il venait tout juste de trouver beaucoup d’élèves qui voulaient être son nouveau meilleur ami.

Un autre jour, je marchais le long de la côte de Mombasa et j’ai décidé d’aller dans la brousse pour voir si je pouvais trouver des enfants dans le besoin. Un peu plus loin, je suis arrivé dans un petit village bien dissimulé dans la forêt. J’ai demandé s’il y avait une école dans le village et on m’a conduit dans une petite clairière sur le flan de la montagne. On m’a alors montré l’école, deux petites cabanes. Il y avait un tableau de fortune, mais aucune fourniture scolaire. Trois adultes enseignaient à 15 enfants. Le village était si pauvre que l’école était gratuite et les enfants ne portaient pas d’uniforme. Malgré ces conditions précaires, les enfants étaient heureux d’être à l’école. Nous soutenons maintenant cette école et envoyons de l’aide chaque mois.
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Entrée dans le journal : SUR LA ROUTE D’AMAYA
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Entrée dans le journal : SUR LA ROUTE D’AMAYA

Nous avions informé les villageois d’Amaya, loin à l’intérieur de l’Éthiopie, que nous allions visiter leur village. Nous avions été retenus ailleurs pendant toute la journée et avions conclu que nous n’aurions peut-être pas le temps de leur rendre visite. Malgré le retard, nous ressentions que nous devions quand même nous y rendre. En suivant les directives qu’on nous avait données, nous nous sommes bientôt rendu compte que ce village était si éloigné qu’il n’y avait aucune route pour s’y rendre. En parcourant la plaine, nous sommes arrivées à une petite rivière et c’est à ce moment-là que nous avons constaté que les villageois avaient construit un pont rudimentaire pour que notre véhicule puisse passer. La situation fut la même pour trois autres rivières que nous devions traverser, et chaque fois un petit pont avait été construit pour que nous puissions passer avec notre camion.

Lorsque nous sommes arrivés au village, les gens sont venus de partout pour « voir l’homme blanc ». Ils nous ont conduits à un gros arbre au centre des habitations où tous les villageois s’étaient rassemblés. Les enfants étaient tous grimpés dans l’arbre pour bien voir. Comme nous ne parlions pas l’amharique, nous avions retenu les services d’un traducteur. Trois hommes avaient été désignés pour nous expliquer la situation du village. Le premier se leva et nous dit qu’ils avaient besoin de bancs pour l’école. Je me suis dit que c’était une étrange demande alors j’ai demandé pourquoi. Il m’a répondu que les murs de l’école étaient faits de branches couvertes de boue et que le plancher était en terre. Lorsqu’il y avait des pluies abondantes, l’eau passait directement au travers et changeait la terre en boue et les enfants tombaient malades parce qu’ils devaient se tenir debout dans la boue. Le deuxième homme se leva et expliqua qu’ils avaient vraiment besoin d’eau potable. Il ajouta qu’ils utilisaient l’eau du ruisseau où les animaux venaient boire et que les excréments des animaux contaminaient l’eau, ce qui rendait aussi les enfants malades. Enfin, le troisième homme se leva et dit qu’ils avaient besoin d’une route. Encore une fois j’ai demandé pourquoi puisqu’ils n’avaient pas de véhicules et se rendaient partout à pied. Il expliqua qu’en Éthiopie, il y a un médecin pour 80 000 habitants, il n’y avait donc pas de médecin au village. Lorsqu’un enfant tombait malade, on devait le transporter dans une brouette pour voir le médecin le plus près, et parfois l’enfant mourait avant d’y arriver.

À ce moment-là, un vieil homme assis derrière la foule indiqua qu’il voulait nous parler. Il était évident qu’on ne voulait pas qu’il parle, mais il insista et se fraya un passage jusqu’à nous. Avec beaucoup d’émotion, il dit ce qu’il avait à dire et le traducteur nous transmis son message. Il était d’accord avec les besoins exprimés par les trois villageois, mais… il ajouta : « Le seul fait que vous soyez venus au village est suffisant, car aucun homme blanc n’est jamais venu ici pour nous aider. »
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